Y a-t-il une place pour les transfusions de granulocytes en 2023 ?
Bulletin : Revue médicale de Liège février 2024
01 février 2024
Numéros de page :
8 p. / p. 80-87 : ill. en coul.
En dépit des traitements antimicrobiens modernes, les infections bactériennes et fongiques restent des complications majeures chez les patients neutropéniques. Les transfusions de granulocytes (TG) sont apparues dans les années 1950-1960, mais les premiers essais cliniques ont été limités par la difficulté de transfuser un nombre suffisant de granulocytes viables. Le perfectionnement des techniques d’aphérèse ainsi que la stimulation pharmacologique du donneur par corticostéroïdes et/ou facteur de croissance granulocytaire (G-CSF) ont permis d’améliorer le rendement des collectes. Malgré cela, des incertitudes subsistent quant à la réelle utilité clinique des TG. Peu d’études ont été réalisées depuis l’ère du G-CSF et la qualité des preuves scientifiques reste faible. La plus large étude prospective contrôlée randomisée publiée à ce jour n’a pas pu démontrer de bénéfice des TG sur la mortalité ou le contrôle des infections. Cependant, la valeur de cet essai est limitée en raison de sa faible puissance statistique (recrutement de patients insuffisant). De plus, les TG sont des procédures complexes, lourdes pour le donneur, coûteuses et associées à un risque non négligeable d’effets indésirables. Par conséquent, la place actuelle des TG dans la pratique clinique est principalement guidée par l’expérience de chaque centre. Avec l’émergence croissante de germes multirésistants, il est probable que les TG suscitent à nouveau l’intérêt dans les années à venir. Les défis seront de parvenir à une détermination définitive de leur (in)efficacité et d’uniformiser les procédures de collecte et d’administration.