L’habitude est acquise aujourd’hui d’aborder l’étude de la littérature non plus de façon chronologique, mais en fonction de la permanence de certains mythes et de certains archétypes. Parmi ces derniers, il en est un qui se retrouve depuis le Moyen Âge jusqu’aux romans de Julien Gracq, c’est le mythe du beau ténébreux qui connaîtra une fortune particulière à l’époque romantique, avec Chateaubriand, Hugo, Musset et d’autres écrivains de l’époque, en France et à l’étranger. Traversant les époques et les genres, il apparaît bien, si on le regarde d’un peu plus près, qu’il correspond à des pulsions et tendances fondamentales de la nature humaine. Ce personnage qui acquit avec Nerval un magnétisme fascinant prendra, selon le génie du créateur et aussi selon son écriture, des formes et des allures différentes. Le livre d’Henri Agel rend compte, avec beaucoup de brio et de maîtrise, de cette étonnante diversité.