Il fallut le choc de la défaite de 1940 pour que Guy de Pourtalès se mette à écrire ses Mémoires. Malheureusement, la mort devait bientôt l'interrompre. Mais il y avait le journal de l'écrivain. Chronologiquement, il constitue une suite aux pages où Guy de Pourtalès évoque sa jeunesse. On découvrira dans ce livre un homme de qualité dont la situation familiale est, avant la lettre, celle d'un Européen. Sa famille, d'origine française, a émigré en Suisse après la Révocation de l'Édit de Nantes. Guy de Pourtalès, bien qu'élevé aux bords du Léman et dans les universités d'Allemagne, demande à être réintégré dans ses droits de citoyen français et participe à la Première Guerre mondiale. Ce qui revit, dans ces pages autobiographiques, c'est un monde infiniment civilisé où subsistent les mœurs d'autrefois. Guy de Pourtalès entend Saint-Saëns jouer de l'orgue à Saint-Martin-de-Vevey, aperçoit la reine Victoria, rencontre la comtesse de Noailles et Pierre Loti. Jeune étudiant de vingt-quatre ans à son arrivée à Paris, il vit chez sa tante Mélanie de Pourtalès où règnent encore l'atmosphère du Second Empire et le souvenir des Tuileries. Au lendemain de la victoire de 1918, une mission dans les provinces rhénanes lui permet de voir d'un côté les trésors intacts des vaincus, de l'autre les ruines du vainqueur ; il en rend compte aux grands chefs de cette guerre : Pétain, Mangin et Gouraud.