Paru en 1693, le "Neptune françois" est l'atlas maritime officiel des côtes françaises au XVIIIe siècle. Plusieurs membres de l'Académie des sciences et les ingénieurs les plus expérimentés sont mobilisés par les autorités pour représenter fidèlement le littoral occidental du royaume. L'ouvrage est si somptueux qu'il est plagié immédiatement. Mais il est boudé par les marins et marqué dès sa sortie du sceau de la désuétude et de l'imprécision.

À l'âge des grandes découvertes, la production de cartes géographiques explose. Elles sont omniprésentes sur les navires, dans les chancelleries, les locaux des compagnies, les maisons des plus aisés. De nos jours, ces documents sont introuvables et atteignent des sommes astronomiques aux enchères. Pourquoi ne nous sont-ils parvenus qu'en si petit nombre ?

L'expression de « carte ornée » évoque davantage les somptueuses productions des XVIe et XVIIe siècles illustrées de monstres marins et de navires aux voiles gonflées que les travaux des cartographes modernes. Pourtant, entre les années 1850 et 1960, se développe un genre cartographique basé sur l'image : les cartes picturales.

À l'âge des grandes découvertes, les Européens explorent l'Amérique et entreprennent d'en exploiter les richesses. La traversée de l'océan Atlantique est périlleuse. Bien que les équipages soient principalement constitués d'hommes jeunes et en bonne santé, le taux de mortalité en mer est trois fois supérieur à celui de la terre ferme. De nombreux marins font rédiger leur testament avant leur premier voyage. Au moment de lever les voiles, ils savent combien ils s'exposent à la faim, aux naufrages et à la piraterie.