Directeur du Toneelhuis d'Anvers depuis 2006, Guy Cassiers crée un théâtre de "la colère et du temps", et filme la violence au plus près des corps. La scène théâtrale et celle de l'opéra, transformées en performances vidéo, mettent en scène les malheurs du temps, la barbarie, la douloureuse condition humaine aux prises avec la question du bien et du mal.

Katie Mitchell a marqué l'histoire du festival d'Aix-en-Provence par ses mises en coupes réglées d'art lyrique dans des maisons de poupées ibseniennes. Elle termine actuellement son cycle d'opéras de femmes en créant "Ariane à Naxos" à Aix-en-Provence, livre une suite de "Written on Skin" à Covent Garden, à Londres, avec "Lessons in Love and Violence", et filme "la Maladie de la mort" au festival d'Edimbourg.

Romeo Castellucci poursuit un théâtre du corps en investissant les opéras de Bruxelles, Salzbourg ou Paris, avec des mises en scène d'oeuvres lyriques, ou encore Art Basel et KANAL-Centre Pompidou, à Bruxelles, avec des installations plastiques. Devenu moine-soldat de l'art, Castellucci impose "un moment d'arrêt et de conscience", avec "History of Oil Painting" à BOZAR (Bruxelles), "Il Primo Omicidio" à l'Opéra de Paris, "Democracy in America" dans le New Jersey ou encore "La Vita Nuova" à La Villette, à Paris. Une histoire de l'image comme champ de bataille.

Après avoir enfermé la danseuse japonaise Kaori Ito dans une forêt de fils dans "Plexus", Aurélien Bory fait voler le Groupe Acrobatique de Tanger dans "Azimut". Metteur en scène de la gravitation universelle et des odyssées de l'espace, ce jongleur céleste fait de l'acteur l'objet même de la dramaturgie. Piste aux étoiles pour un théâtre physique et métaphysique.

A nouveau sur les scènes parisiennes, avec les mises en scène de "Moïse et Aaron", à l'Opéra-Bastille, "Oedipe-Tyran" ou encore "l'Orestie" dans le cadre du Festival d'Automne, Romeo Castellucci ne cesse d'interroger les fondements de la représentation du théâtre occidental. Moïse et la tragédie grecque sont les vecteurs d'un humanisme dans lequel les images et les mots se heurtent à l'irreprésentable.

Après la création au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, en avril 2014, reprise à l'Opéra Comique, à Paris, de "Au monde", de Joël Pommerat et Philippe Boesmans. Cette conversation entre deux créateurs, fondateurs d'un nouvel art lyrique ouvert sur l'étrangeté, contribue à réinventer l'opéra au 21e siècle.

Après avoir changé la face du théâtre britannique avec son expérimental Théâtre de complicité, mais échoué à se faire connaître en tant qu'acteur au cinéma, Simon McBurney transforme la scène d'opéra en un ring où tous les coups sont permis. "The Rake's progress" de Stravinsky façon "Shame" de Steve McQueen.

Les photographies, vidéos, actions et tracts de l'artiste américaine LaToya Ruby Frazier s'attachent à faire revivre un monde perdu, oublié : celui d'une ancienne cité minière de Pennsylvanie, dans laquelle les habitants, déchus, ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.

Wajdi Mouawad n'a pas attendu la saisissante adaptation au cinéma de sa pièce ″Incendies″ pour enflammer les scènes francophones avec son théâtre de la cruauté magique et tragique. A rebours du quatuor de guerre, ″le Sang des promesses″, qui l'a rendu célèbre, il remet en danger la dramaturgie polyphonique en publiant un roman, ″Anima″, qu'il commentera à Nantes, en mai 2013, et en jouant au Théâtre national de Chaillot, à Paris, son monologue ″Seuls″.