Armé d’une lucidité radicale, blessé par tant d’années de solitude et d’exil intérieur dans son propre pays, l’écrivain romancier essayiste Boualem Sansal ne cesse d’éprouver à vif la rudesse, le tragique et l’absurde de l’enfermement des systèmes étatiques politico-religieux de l’Algérie d’aujourd’hui. Tout au long de cet entretien, il esquisse les lignes de tension et de résistance de son cheminement personnel, sa passion pour l’ascèse et l’écriture, ses convictions, ses rares admirations et sa vision d’un avenir qu’il entrevoit aussi sombre que périlleux.

C’est un homme arbre, en retrait du bruit des mots inutiles, pour qui la beauté du monde est un seul et unique jardin, dont les branches s’étendent à l’ensemble du vivant en perpétuel mouvement. Pour Gilles Clément, rien ne peut remplacer « l’heure de la splendeur dans l’herbe, ni la gloire dans la fleur ». C’est sur ce chemin d’évolution et de sagesse que ce jardinier planétaire, en chercheur solitaire, nous entraîne au fil de ses observations et de ses découvertes qui convoquent le plus sensible en nous.

Ce n’est sans doute pas un « hasard » si, à la fin de ses études de lettres, Francis Vallat a écrit un mémoire sur « le sens du sacrifice chez Claudel et Montherlant ». Voilà un homme solide et vulnérable que l’on pourrait qualifier de « véritable », devenu, après une carrière brillante dans le monde maritime, le président de SOS Méditerranée, l’une des ONG les plus attaquées car paradoxalement destinée à sauver des vies en Méditerranée centrale... Qui n’a jamais lancé un SOS ne sait pas ce que signifie « Save Our Soul ».