Toujours aussi profuse, la nouvelle édition de la Berlinale aura été marquée par certains récits minimalistes, contrepoints aux films des grands cinéastes invités, traversés par la question de l'héritage et de la transmission.

La critique de cinéma n'a en général que faire d'objets aussi omniprésents et impalpables que la nuit. Régulièrement, pourtant, surgit sur les écrans un film qui se distingue (comme ce mois-ci, chacun à leur manière, "Miséricorde", "Anora" et "All We Imagine as Light") par sa manière de mettre en scène la nuit et d'en livrer une expérience inédite, absolument singulière. La nuit a toujours été un lieu de ressourcement poétique pour les cinéastes (« Suis-je en train de voir ce que je vois ? », écrivait Raoul Ruiz).

C'est peut-être un cliché, mais certain s'y reconnaîtront : on peut parler pendant des heures avec un autre cinéphile à condition de ne jamais discuter de sa vie personnelle, et, a contrario, quand dans un cadre familial un autre cinéphile nous parle, on fait tout pour ne pas être démasqué comme tel. Ces deux sauces-là ne se mélangent pas. Cooper (Josh Harnett) n'est pas un cinéphile. Il est un peu pire que cela : un tueur psychopathe. Mais personne ne le sait.