Qui se cache derrière le pseudonyme de Delphine Panique ? Une autrice réservée, réfléchie, bosseuse, qui pense et écrit chacun de ses livres avec une démarche essentielle : mettre l'art séquentiel au service d'un récit ayant du sens. À chaque nouvel album, une nouvelle manière d'aborder un sujet, toujours avec originalité et un ton singulier. Son dernier paru, "Creuser voguer", chez Cornélius, est peut-être le plus bouleversant de sincérité et d'humanité. Retour sur un parcours atypique dans le monde de la bande dessinée.

Chris Ware est un artiste surprenant. Dans sa catégorie, il est le seul. Depuis ses tout premiers livres, il mélange lisibilité extrême et rigueur esthétique au service d'histoires fortes en émotions. L'artiste y décortique les sentiments comme personne, dressant des portraits saisissants de ses contemporains. Récompensé à maintes reprises aux États-Unis comme en France, sacré grand prix du Festival d'Angoulême en 2021, il réalise également régulièrement de splendides couvertures pour la légendaire revue "The New Yorker".

Tehem et Appollo sont deux piliers de la célèbre revue "Le Cri du Margouillat" (en vente partout, mais surtout sur leur site internet pour qui n'a pas la chance d'habiter sur l'île de la Réunion). Ils sont aussi les éditeurs du Centre du Monde. Ils puisent bien souvent leur inspiration dans leur ancrage à l'île de La Réunion pour leurs propres albums. C'était déjà le cas dans "Chroniques du Léopard" (Dargaud), et c'est à nouveau ce qui se passe avec "Vingt-décembre" (toujours chez Dargaud), un beau livre ayant pour sujet la période de l'abolition de l'esclavage sur place.

Tom Gauld excelle dans l'art rare du 'comic strip' et du dessin d'humour. Chaque semaine, deux journaux britanniques ('New Scientist' et 'The Guardian') lui offrent une carte blanche pour faire rire, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est percutant. Néanmoins, cet homme a d'autres cordes à son arc, comme ses couvertures pour le "New Yorker". D'apparence simple, son graphisme à l'esthétique flirtant avec le pictogramme est sacrément compliqué. L'interview qui suit l'explique très bien.

L'ensemble du travail en bande dessinée de Julie Doucet est enfin disponible sous la forme d'un pavé nommé "Maxlplotte". Cette claque de modernité et d'inventivité a paru en fin d 'année dernière à L'Association, sous la direction de son ami Jean-Christophe Menu. Si on remonte le temps, si on se remet dans le contexte de l'époque, seule dans son coin, de l'autre côté de l'Atlantique, Julie Doucet a produit à la fin du siècle dernier une oeuvre d'autrice extrêmement forte qui a connu un légitime retentissement dans le monde du 9e art.

Dans un bistrot parisien, à l'heure du petit déjeuner, Elizabeth Pich boit tranquillement son café. Cette Américaine installée en Allemagne fait en ce mois de novembre 2021 la tournée des popotes afin de défendre "Fungirl", son premier livre en solo, publié en France par Les Requins marteaux. C'est grinçant, débridé, complètement barré. Après m'être commandé un thé, je branche l'enregistreur...

Toutes les semaines dans "L'Obs", Esther a sa page. Elle y raconte sa vie de famille, sa vie au collège, ce qu'elle aimerait faire plus tard (éditrice), les gros mots qu'elle prononce trop souvent, la musique qu'elle écoute, sa vision de la politique aussi... Bon, pour être plus exact, Esther, dont l'identité est farouchement protégée et on comprend bien pourquoi, se confie à Riad Sattouf qui, le plus respectueusement et affectueusement, retranscrit sa parole en bande dessinée. On ne va pas se leurrer, Riad Sattouf est un bourreau de travail.

Marion Montaigne est curieuse, au premier sens du terme. Pendant une interview, elle pose presque autant de questions qu'elle ne donne de réponses. C'est l'une des meilleures qualités d'une bonne journaliste. Son album sur Thomas Pesquet, elle l'a construit comme une enquête méticuleuse. Et comme elle est drôle, très drôle, l'effet s'en fait sentir dès les premières pages. Il est donc possible de faire des albums à la fois instructifs, pédagogiques et dégageant de la bonne humeur. Trop forte !

Qu'est-ce que ça fait de grandir dans un pays sans grande culture de bande dessinée ? Quelle force de caractère faut-il pour tout de même souhaiter y publier un roman graphique ? Et que dire de la censure à Singapour ? Contre vents et marées, Sonny Liew a monté son projet... et grand bien lui en a pris. "Charlie Chan Hock Chye, une vie dessinée" est un album multiprimé où le mélange entre hommages graphiques aux bandes dessinées américaines et histoire de Singapour se mêlent dans une symbiose admirable.

Depuis la fin des années 80, Lewis Trondheim raconte des histoires. Au début de sa carrière, il ne sait pas dessiner mais il est têtu, travailleur et obstiné. Au fil du temps, seul ou en signant des scénarios pour d'autres, sa bibliographie explose. Graphiquement, son vocabulaire ne cesse de croître et on lui découvre un amour du dessin. Pour Trondheim, tout est affaire de défis, de plaisir et de circonstances. Son actualité éditoriale est encore une fois incroyablement riche en ce mois de janvier 2020 !

Depuis des années, Catel et Claire Bouilhac construisent une oeuvre commune importante, mettant en valeur des figures fictives ou bien réelles de notre histoire. Dans leur nouvel album, elles s'attaquent à l'adaptation du célèbre roman de Madame de La Fayette, "La Princesse de Clèves". Nous avons rencontré Claire Bouilhac qui nous a dévoilé les coulisses de la réalisation de cet ouvrage. La célèbre paronomase "traduttore, traditore" s'applique forcément ici, mais de la plus belle des manières !

Dans "La Solitude du marathonien de la bande dessinée", Adrian Tomine retrace son itinéraire avec beaucoup d'humour et de dérision. A travers une multitude d'anecdotes, en creux, il dresse le portrait de la fracture entre les auteurs indépendants et ceux travaillant pour les grosses maisons d'édition. C'est aussi le parcours du combattant d'un artiste parmi tant d'autres aux Etats-Unis. Enfin, ce n'est pas la seule facette de cet auteur attachant qui signe également régulièrement des couvertures justes et délicates du célèbre hebdomadaire "The New Yorker".

Dans les rues de Jaffa, le quartier le plus ancien de Tel Aviv, les visiteurs peuvent découvrir, fixées aux murs, des reproductions de pages de bandes dessinées réalisées par Rutu Modan. Si l'artiste est très renommée dans son propre pays, cette reconnaissance dépasse les frontières depuis la parution de son premier roman graphique, "Exit Wounds". en 2007. Et elle n'a fait que croître depuis, à raison. Cette créatrice invente des fictions originales ancrées dans son quotidien, qui évitent avec beaucoup d'intelligence l'exotisme ou la simplicité.

Enfant, José Parrondo dessinait, comme tout le monde. Puis, comme la majorité des gens, il s'est arrêté à l'aube de l'adolescence pour s'intéresser à la musique et à la photographie, avant de revenir au dessin et à la bande dessinée. Depuis, chacun de ses livres le prouve : ce Belge, né en 1965, se joue des contraintes et défie les codes classiques du 9e art pour créer une oeuvre à la fois tendre et absurde, parfois grinçante et toujours surprenante.

Ne sachant plus trop si un voyage en Angleterre était possible en raison des conditions sanitaires, qui n'ont visiblement pas empêché les Anglais de revenir en force dans leurs stades lors de l'Euro, c'est par Internet que nous avons joint Posy Simmonds pour revenir sur son parcours et évoquer les deux expositions rétrospectives qui lui sont consacrées à Bâle et Blois. "Petit bouquet" (signification de Posy) s'est prêtée au jeu de bonne grâce...

Edmond Baudoin, bientôt quatre-vingts ans, nous a ouvert les portes de son atelier parisien au début de l'été, juste avant de retourner dans son village natal retrouver ses amis d'enfance et discuter de la vie qui passe. Pendant près de trois heures inoubliables, nous avons conversé sur son bouleversant "Les Fleurs de cimetière". Un ouvrage testamentaire et qui nous a procuré beaucoup d'émotions.

Marcello Quintanilha est né et a grandi à Niteroi, à l'entrée de la baie de Guanabara, en face de Rio de Janeiro, au Brésil. Dessinateur de bandes dessinées depuis aussi loin qu'il se souvienne, il a commencé très jeune à réaliser des travaux de commande dans des publications brésiliennes avant de trouver sa place dans le paysage européen du 9e art.

Winshluss est sec. Il est précis. Derrière ses lunettes, on devine dans ses yeux pétillants une pointe d'ironie permanente. Il faut dire que son parcours est à l'image de son oeuvre, inclassable, impertinent, flamboyant. Musicien, dessinateur, réalisateur, ce touche-à-tout trompe l'ennui en enchaînant les projets, en multipliant les créations aussi bien graphiques que musicales.

Oyvind Torseter réalise des livres peu communs, tous parus en français chez La Joie de lire. Ses ouvrages, un peu zinzin, donnent le sourire ; ils vous transportent dans un univers semi-fantastique. souvent proche de l'enfance... sans ses terreurs nocturnes. Avec un geste assuré et d'un trait très fin, ce Norvégien est capable de varier la densité de détail de ses images au cours du récit. Un trait qui ne nuit jamais à la narration et qui, au contraire même, la sert au mieux. Le temps d'une rencontre virtuelle, il nous a ouvert la porte de son atelier nordique.