Des années avant "Parasites" (2019) de Bang Joan-ho, "Underground" (1995), autre Palme d'or amplement méritée, explorait déjà la métaphore du souterrain comme miroir de notre rapport à l'Histoire. Emir Kusturica y reprend l'argument du "Printemps en janvier" (1977), pièce intimiste du dramaturge Dusan Kovacevié, coscénariste du film : durant la Seconde Guerre mondiale, un homme fait descendre un groupe dans sa cave pour assurer sa protection mais ne se résout pas à annoncer la fin de guerre, entretenant les reclus dans l'illusion d'une nécessaire vie cachée.

Ecrivain, musicien et réalisateur né en 1956, F.J. Ossang a développé une oeuvre polymorphe et unique au fil rouge poétique. Jean-Jacques Manzanera revient sur ses films - cinq longs-métrages seulement depuis 1984 - et souligne leur relation à l'écriture et la musique.

Cette année, le festival de Cannes a brillé par la représentation du cinéma d'animation : "J'ai perdu mon corps" de Jérémy Clapin primé à la Semaine de la critique, "Les Hirondelles de Kaboul" d'Eléa Gobbé-Mévellec et Zabou Breitman et "La Fameuse Invasion des ours en Sicile" de Lorenzo Mattotti projetés à Un certain regard, confirmaient la vitalité de l'image par image française.

"Au crépuscule" de Sharunas Bartas, né en 1964, sortira dès la réouverture des salles de cinéma. Un village lituanien y résiste contre l'occupation soviétique après la Seconde Guerre mondiale. Entre détails quotidiens, poids historique et dimension autobiographique, ce film sélectionné en 2020 au festival de Cannes confirme une évolution déjà sensible dans les réalisations précédentes du Lituanien. Persistent la violence et la poésie des paysages enneigés.

Du 17 mai au 26 juillet 2021, à Paris, le Centre Pompidou rend hommage à Abbas Kiarostami avec une grande exposition et, en parallèle, une rétrospective complète de ses films. L'occasion de revenir sur les créations protéiformes (cinéma, photographie, poésie) de cet artiste iranien et les liens qu'elles entretiennent entre elles, aussi joueuses que contemplatives.

A l'occasion de la parution de "l'Espace du rêve" de David Lynch, ouvrage hybride associant une biographie réalisée par Kristine McKenna et une autobiographie (JC Lattès, 600 p., 25,90 euros), de la rétrospective David Lynch. Someone ls in my House au Bonnefantenmuseum à Maastricht (30 novembre 2018- 28 avril 2019) et de deux expositions suisses au musée Alexis Farel (Morges) et à la Maison du diable, Fondation Fellini pour le cinéma (Sion) jusqu'au 16 décembre 2018, Jean-Jacques Manzanera observe, à travers "Twin Peaks : The Return", l'oeuvre d'un artiste total.

Présenté au Festival de Cannes en 2018, le dernier opus de Jean-Luc Godard, "Le Livre d'image", est un condensé de citations et d'autocitations, d'extraits de films, d'archives, de reportages télévisuels, de fragments textuels ou musicaux, ainsi que d'images inédites.

Les cinéastes auteurs d'un film unique ont une place particulière dans l'imaginaire cinéphile, quand bien même ce statut rare et étrange est souvent dû aux aléas économiques décevants dudit film : tout se passe comme si cet "enfant unique" avait la lourde charge de tout nous dire sur son auteur contrarié. "La Nuit du chasseur" (1955) ou "Wanda" (1970) nous parviennent ainsi à la manière d'énigmes magnifiques dans cette constellation.