Depuis les années 1980, le groupe Bolloré, propriété de l'homme d'affaires français du même nom, s'est largement développé en Afrique. Sa filiale Bolloré Logistics Africa réalisait 2,1 milliards d'euros de CA en 2020, soit 11 % du CA total de la maison-mère Bolloré SE en y ajoutant les activités de communication. Mais en 2021, cet empire africain bat de l'aile. Plusieurs procédures judiciaires sont en cours concernant les affaires de Bolloré sur le continent, portant notamment sur des soupçons de corruption et des processus d'attribution de contrats truqués.

Ignorance ? Suivisme ? Patriotisme mal placé ? Les médias français épousent facilement le discours officiel lorsqu’il s’agit de l’Afrique. Les interventions militaires – de la Côte d’Ivoire au Sahel – seraient ainsi « utiles » et « désintéressées ». Ce traitement biaisé rend incompréhensible l’échec d’opérations telles que « Barkhane » ou l’impopularité croissante de Paris sur le continent. Présence d'un second article : "M. Macron trébuche au Cameroun".

Soupçonné par la brigade financière italienne d’avoir manipulé les cours de titres financiers, accusé de promouvoir l’extrême droite sur sa chaîne de télévision CNews, l’homme d’affaires français Vincent Bolloré voit également son empire logistique africain s'effondrer. Il a perdu en 2020 le contrôle du terminal à conteneurs du principal port du Cameroun, à Douala, qui était gérée par Douala International Terminal, société créée par la multinationale Bolloré et son associé danois A.P. Moller-Mærsk.

Retour de bâton. Voilà comment on pourrait analyser le « sentiment antifrançais » que nombre de journalistes, universitaires ou responsables politiques croient déceler en Afrique subsaharienne. Car l’hostilité à l’égard de l’ancienne puissance coloniale, observable depuis plusieurs années dans la plupart des pays francophones du continent, est la conséquence d’un demi-siècle de domination, d’arrogance et d’indifférence.

Le slogan « France, dégage !» se répand dans les anciennes colonies françaises, soixante ans après leur indépendance. Manifestants et intellectuels réclament la fin du franc CFA ou l’arrêt de l’opération militaire « Barkhane », engagée au Mali depuis 2013. Alors que la concurrence avec d’autres puissances s’accroît, l’ampleur de la contestation prend Paris au dépourvu.