Pianiste de formation, Kenneth Hesketh est surtout connu pour ses compositions pour orchestre, dont Sir Simon Rattle, Vasily Petrenko et Oliver Knussen, entre autres, se sont faits les défenseurs. Les quatre oeuvres pour piano présentées sur ce disque, magnifiquement interprétées par la dédicataire de la principale pièce, Clare Hammond, s'étalent comme un grand paysage liquide qui, malgré l'indexation, poussent l'auditeur à les écouter d'une traite tant cette musique est prenante. On est ici dans un univers résolument tonal, où l'influence du Dutilleux des "Figures de résonances" est palpable. Au-delà de celui qui fut son professeur à Tanglewood, c'est plutôt du côté du Scriabine des dernières sonates que l'on pourrait trouver des réminiscences. Captation sonore superlative qui éclaire l'aisance avec laquelle Clare Hammond maîtrise les complexités de ce programme. (Electre)

Sebastian Fagerlund s'est fait un nom dans le monde de la musique classique tout d'abord grâce à ses concertos et oeuvres orchestrales. Comme il l'a déjà démontré dans ses précédents albums, sa musique présente de nombreuses couleurs et une vitalité rythmique rare. Il a cependant également composé des oeuvres vocales et chorales, son premier album sous le label Bis était d'ailleurs l'opéra Döbeln, basé sur une figure controversé de la Guerre entre la Suède et la Russie au XVIIIème siècle. Quand il a reçu une commande pour un deuxième opéra de la part du Finnish National Orchestra, il a puisé son inspiration plus proche de notre époque et de son domaine de prédilection. (Electre)

Paul Frankenburger a quitté son Allemagne natale en 1933 en réponse à la montée au pouvoir d'Hitler. Il avait été jusque là totalement immergé dans la tradition allemande et ses compositions suivaient les traces de grands compositeurs allemands de la période post-romantique comme Mahler. Après son arrivée en Palestine, il n'a pas seulement modifié son nom en Paul Ben-Haim, son style a également profondément changé. Imaginé par le jeune violoniste Itamar Zorman, cet album retrace la façon dont la musique de la région est devenue progressivement partie intégrante des compositions de Ben-Haim. (Electre)

D'origine française, le compositeur russe Georgy Catoire a étudié le piano à Moscou ainsi qu'à Berlin et c'est sa musique pour piano que l'on retrouve aujourd'hui. Avec son utilisation originale des harmonies et des structures rythmiques, le Quintette op. 28 est une des oeuvres les plus séduisantes de Catoire. Même s'il est plus connu que ce dernier, le polonais Ignaz Friedman n'est pas célèbre pour ses compositions mais pour avoir été l'un des plus grands pianistes du XXème siècle, admiré par Rachmaninov et Horowitz. Ecrit en 1918, son Quintette en do mineur est mélodieux mais également dramatique, parfois sombre et mélancolique. Cela est peut-être le reflet de la guerre qui frappait à cette époque mais il a également été suggéré qu'il était inspiré par la mort du père de Friedman, musicien juif itinérant, et que le thème du troisième mouvement, dérivé de la musique traditionnelle polonaise, lui rendrait hommage. (Electre)

Kalevi Aho, l'un des plus importants compositeurs contemporains de la Finlande, est né à Forssa dans le sud du pays. Il a commencé ses études de violon dans sa ville natale à l'âge de dix ans et ses premières compositions datent aussi de cette époque. ? l'automne de 1968, il entra à l'Académie Sibelius à Helsinki dans la classe de violon et celle de composition d'Einojuhani Rautavaara. Après avoir obtenu son diplôme en composition, Kalevi Aho a poursuivi ses études à Berlin. Il a donné des cours de musicologie à l'université d'Helsinki de 1974 à 1988 et, de 1988 à 1993, il a enseigné la composition à l'Académie Sibelius. Le travail de Aho est centré particulièrement sur des oeuvres orchestrales de grand format, des compositions de chambre et vocales; aujourd'hui, son catalogue compte cinq opéras (1978-2013), seize symphonies (1969-2014), 28 concertos (1981-2016), trois symphonies de chambre pour orchestre à cordes, de la musique orchestrale et vocale ainsi que beaucoup de musique pour ensembles de chambre et pour instruments solos. (Electre)

Compositeur, pianiste virtuose, chef d'orchestre, enseignant, Camille Saint-Saëns était tout cela mais également archéologue passionné, astronome, botaniste, historien, illustrateur, poète et dramaturge. Voyageur aguerri, il était le compositeur le plus célèbre de son temps, acclamé en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et en Europe. C'est ironique donc, que son oeuvre si variée ne soit pas plus connue aujourd'hui - à l'exception de quelques oeuvres dont le célèbre Carnaval des animaux. Jean-Jacques Kantorow et la Tapiola Sinfonietta ont déjà défendu la musique de Saint-Saëns dans plusieurs enregistrements. Pour cet album, ils sont rejoints par Alexandre Kantorow, le fils du chef d'orchestre nommé au Victoires de la musique classique. (Electre)

Boris Godunov est l'une des oeuvres majeures du répertoire de l'opéra, de par son histoire complexe et créative. Le livret original, écrit par le compositeur lui-même, est basé sur Pushkin de Shakespeare, drame inspiré du maudit dirigeant russe. Moussorgski a complété la partition en 1869, et l'a proposée au conseil des Théâtres Impériaux. La pièce a été rejetée, d'une part à cause de l'absence d'un personnage féminin, mais également à cause du style un peu simple et épuré de la musique. En 1871, le compositeur a travaillé la pièce à nouveau, en ajoutant de nouvelles scènes, et une femme en tant que rôle principale (la princesse polonaise Marina Mniszek) et en changeant toute la structure pour arriver à un prologue et quatre parties. La nouvelle pièce révisée a été complétée en 1872, et deux années après, elle fut jouée à Saint-Petersburg, tandis qu'elle ne sera jouée qu'en 1888 à Moscou, sept ans après la mort du compositeur. Dans le but de promouvoir l'oeuvre, l'ami et collègue de Mussorgsky, Rimsky-Korsakov a entrepris de revoir l'oeuvre, en rendant l'orchestration plus traditionnelle et colorée et en adoucissant les harmonies. Sa version a permis d'exporter l'oeuvre en dehors de la Russie. Aujourd'hui, la version originale de Mussorgsky est a nouveau jouée, et c'est cette version qui est enregistrée sur ce disque, interprétée par le Gothenburg Symphony Orchestra sous la direction de son chef Kent Nagano. (Electre)

Sebastian Fagerlund s'est établi comme l'un des compositeurs européens les plus importants de sa génération. Il a étudié la composition à l'Académie Sibelius à Helsinki avec Erkki Jokinen et il en est diplômé depuis 2004. Le travail de Fagerlund se distingue surtout par son intérêt pour les grandes formes et une vision approfondie de la musique comme expression de questions fondamentales et d'expériences existentielles. Un sens instrumental très virtuose ainsi qu'une grande musicalité se remarquent dans toutes ses oeuvres, créant des drames musicaux où une énorme expression est alliée à de l'intensité et une communication vivide ainsi qu'à une ouverture vers diverses traditions musicales. (Electre)

Sous la houlette de son chef Pascal Rophé, l'Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL) interprète ici deux chefs-d'oeuvre de la musique française - des partitions scintillantes et imaginatives composées à seulement 15 années d'écart. Le poème symphonique l'Apprenti Sorcier (1897) de Paul Dukas, éternel favori, devint un succès auprès du grand public suite à son intégration dans la bande originale de Fantasia, film d'animation Disney, en 1940. Dans la pièce, basée sur une ballade de Goethe, Dukas montre une maîtrise extraordinaire de l'orchestre massif du Romantisme tardif, en décrivant les conséquences désastreuses d'un apprenti sorcier essayant d'imiter son maître. En 1912, quand Albert Roussel a composé sa musique pour le ballet Le Festin de l'Araignée, il était plus influencé par l'impressionnisme, mais son utilisation de l'orchestre n'en était pas moins inventive que celle de Dukas. L'argument du ballet se déroule dans un jardin où une araignée capture différents insectes dans sa toile afin d'en faire un véritable festin. L'utilisation sophistiquée des différents timbres et son pointillisme rythmique caractéristique conjure un mini-drame dans lequel on peut retrouver une éphémère, une armée de fourmis et une terrifiante paire de mantes religieuses. Le disque ouvre sur une autre pièce de Dukas : Polyeucte, inspirée d'une pièce du 17ème siècle et d'un pouvoir expressif surprenant. (Electre)