Ce quartet brasse avec subtilité un vaste réseau d'influences, allant du folk, à la musique byzantine en passant par la tradition classique et intégrant une grande variété de techniques d'improvisation. L'alliage des sonorités ancestrales de la lyre de Sinopoulos, avec le piano moderne plein de sensibilité de Yann Keerim, c'est le groupe dans son ensemble qui avec ce nouveau disque présente un visage plus abouti. (Electre)

Après deux disques ECM enregistrés au sein du trio coopératif Third Reel, le saxophoniste et clarinettiste suisse Nicolas Masson se présente ici à la tête de son propre quartet composé de Colin Valon, Patrice Moret et Lionel Friedli. Dans sa façon très réfléchie de composer pour le groupe il ne cherche jamais à attirer l'attention sur lui, mais à solliciter les qualités de ses musiciens de façon à les encourager à apporter à l'ensemble leurs propres contributions. Quand il a fondé cet orchestre il était inspiré par l'écriture de Tim Berne, et son idée était de combiner cette influence avec des éléments empruntés au rock, tout en lorgnant également du côté du fameux quintet de Miles Davis des années 60, modèle insurpassable en matière d'équilibre entre improvisation et composition.

Le premier album du trio de Joe Lovano a probablement été l'un des disques les plus remarqués et commentés parus en 2019. Avec son second opus, Garden of Expression, le trio pousse encore plus loin son concept musical en proposant une musique toujours plus remarquable d'intensité.

Contrairement à beaucoup de ses collègues embarqués comme lui dans des formes de musique radicalement novatrices, Bruno Maderna avait une grande affection pour les musiques plus anciennes, et tout spécialement pour la musique italienne de la Renaissance et du début de l'ère Baroque. Pour autant ses transcriptions n'ont que très peu à voir avec l'orthodoxie de ce que l'on appelle aujourd'hui l'interprétation "historiquement informée". Convaincu que les ouvres d'art pouvaient être extraites de leurs contextes d'origine, il a utilisé les ressources instrumentales contemporaines pour proposer de nouveaux sens et offrir une nouvelle validité aux ouvres des grands maîtres anciens.

Pour sa troisième sortie ECM, le Danish String Quartet, inaugure une série de cinq albums au titre de Prism, dans lesquels le groupe présentera l'un des derniers quatuors à cordes de Beethoven dans le contexte d'une fugue connexe de J.S. Bach ainsi qu'un chef-d'ouvre lié de la littérature du quatuor.

Tomas Luis de Victoria et Josquin Desprez ne furent pas des contemporains, ils vécurent et travaillèrent dans des pays différents, et partagèrent peu de similitudes dans leur style abstrait de composition. Mais à travers toute l'Europe, des générations de musiciens les ont reconnus comme des âmes sours et les tablatures de leurs messes et motets circulèrent ensemble dans la communauté des luthistes. Pour John Potter, là réside "la vie secrète de la musique, et dans un contexte plus historique, le secret de sa vie réelle". Dans ce projet typique de sa créativité, le musicien explore "ce que devient la musique après qu'elle ait été composée". L'album, produit par Manfred Eicher, a été enregistré au monastère St Gerold dans les montagnes autrichiennes, où Potter avait auparavant contribué à Officium et à d'autres enregistrements avec le Hilliard Ensemble et The Dowland Project.

Hallgató est le titre de l'album enregistré live dans la grande salle de concert de l'Académie Liszt à Budapest par le guitariste Ferenc Snétberger et le Keller Quartett. Un album très engageant et captivant, enregistré en 2018 et produit par Manfred Eicher.

Lost Prayers est le premier album chez ECM New Series à être entièrement dédié à la musique de chambre du compositeur estonien Erkki-Sven Tuur. Les effectifs instrumentaux réduits n'affectent pas pour autant la puissance expressive des compositions et la volatilité du concept "vectoriel" de Tuur émerge avec force dès les premières secondes de Fata Morgana. Les pièces présentées sont interprétées par le trio estonien formé de Harry Traksmann, Leho Karin and Marrit Gerretz-Traksmann, qui ont tous largement joué la musique de Tuur et ont participé à des enregistrements chez ECM.

Pour son deuxième album, la guitariste hongroise installée à Vienne appréhende un registre musical très vaste, encore plus ample que sur le remarquable album de ses débuts. La musique s'étend de compositions contemporaines à des ballades de jazz au travers de morceaux brésiliens, argentins, italiens et azéris, tous interprétés avec une imagination débordante et une énergie créatrice remarquable.

Les débuts pour ECM de Ferenc Snétberger présentent le très plébiscité guitariste hongrois dans une performance solo, devant un public émerveillé à l'Académie Liszt de Budapest. La suite en huit parties de Snétberger intitulée Budapest, riche en improvisations, puise subtilement son inspiration des influences de la musique brésilienne et du flamenco, du jazz et de la tradition classique ainsi que de son propre héritage gitan. En bis, il interprète le standard d'Harold Arlen Somewhere over the rainbow.

Le guitariste argentin est incontestablement l'un des virtuoses de l'instrument les plus accomplis et éclectiques : concertiste, il passe avec aisance de la musique ancienne la plus hermétique aux partitions contemporaines les plus sophistiquées. Ambassadeur de la musique de son pays, il transmet ici l'enseignement des maîtres argentins avec lesquels il s'est formé à Salta et à Buenos Aires, et consacre ce disque à Gustavo Leguizamón, un extraordinaire compositeur natif de Salta (ville où a grandi Pablo Marquez), surnommé Cuchi. Sa production est constituée d'une immense majorité de zambas, des ouvres d'art en miniature puisque, outre la musique, elles comportent un texte poétique tout en étant également une danse.

Pour son premier album sur le label ECM, la talentueuse guitariste hongroise propose un large éventail de compositions pour son instrument, puisant dans la musique du continent américain. Très intuitive dans son approche, elle a choisi les pièces qui la touchent : tel un medium, elle a envie de refléter la musique qui s'impose à elle et de la transmettre.

Le catalan né à Barcelone en 1962 est un guitariste époustouflant de talent. Dans les pièces en solo qui forment cet album de compositions personnelles, Monton étaye son discours avec ingéniosité en utilisant les subtilités mélodiques, la vitalité rythmique et l'énergie émotionnelles du flamenco. La façon dont les idées circulent dans ses compositions est à couper le souffle : les lignes mélodiques s'y disséminent en bourrasques de notes ou dansent élégamment sur des rythmes superposés. La virtuosité est toujours exploitée à des fins purement musicales. La musique puise également son inspiration à d'autres sources, notamment dans l'univers de la musique classique.