Le théâtre de John Millington Synge (1871-1909), le plus célèbre dramaturge irlandais avec Yeats et Beckett, est né, bien loin des milieux littéraires, d'un expérience de vie dans les îles d'Aran, à l'extrême ouest de l'Irlande et d'une langue duelle, l'anglais pensé en gaélique comme le parlaient les pêcheurs. Dans ce livre, son théâtre est traduit comme un long poème sans normaliser sa langue. (Livres hebdo : livres du mois, 9, 2005)

Conrad Detrez revisite, des années après, le monde clos et austère du pensionnat catholique où il fit ses classes, un monde étrange en proie à l'hystérie religieuse... Dans ce récit hyperbolique et terrible, dénonciation d'une éducation religieuse trop stricte, l'écrivain laisse libre cours à sa veine baroque et fantastique.

Dans cette comédie de moeurs dramatique, la communauté des habitants du quartier joue le rôle du choeur, commentant d'une voix collective tel ou tel événement passé ou présent qui éclaire l'intrigue en cours. A travers le portrait de quatre femmes - Felicia, Nina, Wanda, Nora - l'écrivain s'interroge notamment sur le rôle des mères, mal-aimantes ou mal-aimées, qui vivent une maternité frustrée ou indifférente, en tout cas impuissante. Les personnages préfèrent sombrer dans l'imaginaire de la rumeur, du rêve, du fantasme ou du cauchemar, car tous illustrent le même constat douloureux : on ne peut rien changer à son passé, et si peu à son destin... (Bibliotéca Magazine)

De A, comme Abaton, à Z, comme Zuy, voici qu'un dictionnaire nous offre la plus merveilleuse des invitations au voyage. A partir des univers que de tous temps se plurent à inventer les écrivains du monde entier, Alberto Manuel et Gianni Guadalupi, forts de leurs conviction que la fiction est réalité, ont recensé lieux imaginaires et sites chimériques. (Livres hebdo : livres du mois, 11, 1998)

"Pourfendeur de nuages" est une plongée dans une période agitée de l'histoire américaine - celle qui a précédé la guerre de Sécession. Banks mêle ici l'histoire et la fiction. Il rappelle les grandes étapes de la lutte contre l'esclavage, les rapports entre le Nord et le Sud, les problèmes économiques et sociaux, l'avancée vers l'ouest. Par-delà l'esclavage en tant que question éthique, il utilise un personnage historique - le célèbre abolitionniste John Brown - pour aborder de front les questions -toujours actuelles - de la race et du racisme, et pour essayer d'éclairer et de comprendre les tensions et les rapports complexes entre Noirs et Blancs. (Bibliotéca magazine)

Si ce livre placé sous le signe de Lewis Carroll permettra au lecteur de renouer avec l’érudition jubilatoire si caractéristique de l’auteur d’Une histoire de la lecture, il lui donnera également l’occasion de rencontrer un homme engagé dans l’histoire de son temps, rebelle à toutes les censures, esprit libre et pourfendeur averti des préjugés — toutes choses qui en ont fait le passionné de lecture que l’on sait. S’attachant une fois encore à célébrer la fiction, seule entreprise capable selon lui de donner au monde une cohérence à laquelle d’aucuns censeurs, de siècle en siècle, cherchent à substituer un chaos propice au maintien des esprits en esclavage, Alberto Manguel évoque aussi son parcours d’homme, d’écrivain et de citoyen. C’est ainsi qu’on découvrira dans cet ouvrage aux allures, parfois, d’autoportrait les territoires singuliers où s’enracine un humanisme subversif, habité par le souci constant de placer la création — dans tous ses états et sous toutes ses formes — au centre géométrique de l’univers social, culturel, politique. Enfin, et comme chaque fois que l’on chemine en compagnie des écrits d’Alberto Manguel, Dans la forêt du miroir représente pour le lecteur une chance renouvelée de retrouver ses enfances, sous la conduite, ici, de l’Alice de Lewis Carroll, reine des traversées et inégalable complice de ce nouveau "voyage" proposé à notre désir.

Douze ans après sa mort, Antonine Maillet ressuscite la présence de sa femme de ménage espagnole, la bien nommée Perfecta. Arrivée au Canada après la guerre civile, elle eut le parcours de toute migrante, apportant son énergie et sa rage de vivre au pays d'accueil. Savoureusement, Antonine Maillet mêle sa voix à la voix de celle qui ordonna sa maison des années durant. Expressions québecoises et castillanes s'entremêlent autour du portrait réinventé de cette héroïne domestique hissée au rang d'Atlas portant le monde sur son dos. Un livre adorable, qui à sa manière, rend hommage à toutes les femmes et à leur belle énergie.

Tsuyoshi Toda part à la recherche de son père qu'il n'a pas vu depuis 25 ans et qu'il croyait mort. Il raconte le destin d'êtres que l'histoire a broyés dans les replis de ses silences honteux.

Celui qui, dans cette histoire, sera notre guide n'est autre que Dieu lui-même, lequel s'est pris pour un romancier et s'est donné pour tâche de nous faire voir vers quel destin s'acheminent à leur insu les personnages. Douze convives parlent de la naissance et de la mort, discutent de la vie et de l'amour, déballent leurs espérances et leurs désillusions. Mais nous, qui avons été avertis par Dieu-le-romancier du sort qui les attend, nous assistons à leurs conversations et à leurs manèges avec, dans notre conscience, le poids d'une vérité que nous avons reçue mais que nous ne pouvons leur transmettre. Et peu à peu apparaît ainsi l'allégorie dans la fresque que brosse Nancy Huston : à l'occasion de cette soirée c'est, en effet, le sens même de la fiction qui nous est proposé, avec les mythes fondateurs de la littérature romanesque. (Bibliotéca Magazine)