Rêve ferroviaire de François Schuiten, le Trainworld est un musée inédit, mis en scène comme "un opéra ferroviaire". Jeux subtils d'éclairages et compositions musicales enveloppent la déambulation onirique d'une émotion, que le surgissement d'une locomotive, immortalisée dans l'un de ses albums de l'auteur, porte à son ravissement. Comme à son habitude, François Schuiten fait appel à Bruno Letort pour imaginer l'univers sonore de cette scénographie si singulière. Le langage musical élaboré par le compositeur, repose sur un subtil maillage entre sons ferroviaires et orchestre à cordes, sur lequel s'expriment des solistes de premier plan comme David Torn, compagnon de route de Jan Garbarek, David Bowie, Don Cherry ou encore David Sylvian, Renaud-Gabriel Pion qui collabora avec Elvis Costello, Siouxsie and the Banshees, Dead Can Dance, Sinead O'Connor ou Hector Zazou sans oublier Franck Vaillant, percussioniste iconoclaste que l'on a vu aux côtés de Sarah Murcia ou Magic Malik. (Electre)

A l'écoute de ces six pièces composées par Bruno Giner entre 1987 et 2013, on serait tenté de reprendre la définition de son ancien professeur Ivo Malec : "Le compositeur authentique, c'est celui qui est capable de créer un style de référence communicable parce que cohérent." La référence fondamentale de la démarche créatrice de Bruno Giner, c'est une exploration "absolutiste", pourrait-on dire, des timbres instrumentaux au point souvent d'obtenir, au travers des métamorphoses sonores créées par les différents modes de jeu, une totale incertitude sur l'identité de la source émettrice. En cela, Giner le catalan rejoint par-delà les Pyrénées et le siècle le basque Ravel, qui entendait "tromper l'auditeur" par la complexité de ses combinaisons de timbres. S'il n'est pas question ici d'orchestre, mais d'instrument soliste, de duo, voire de trio, la dimension orchestrale de ces oeuvres d'effectif très réduit n'en est pas moins singulière, de par la palette généreusement déployée de multiples trouvailles sonores. (Electre)