Sylvain Auroux est directeur de recherche émérite au Laboratoire d'histoire des théories linguistiques (CNRS/université Paris VII). Auteur de nombreux ouvrages, dont La question de l'origine des langues (Puf, «Quadrige», 2007), il a dirigé la publication du tome II de l'Encyclopédie philosophique universelle consacré aux «notions philosophiques».

En dépit d'une aridité apparente, la Théorie des Ouvertures est l'un des domaines de prédilection du joueur d'échecs. Débutant ou expert, il se plonge dans l'étude de ces textes "sacrés", poussé par le besoin de savoir, d'expliquer ses défaites et d'acquérir les moyens de vaincre. Il exerce parfois sa mémoire à retenir des variantes à la mode, mais aussi (ce qui est la bonne façon d'opérer) il s'efforce de comprendre les règles qui régissent la mise en jeu des pions et des figures et portent en elles les germes du succès ou de l'échec. C'est que le débutant, dès ses premières parties, et tout joueur d'échecs, dès qu'il affronte un adversaire plus expérimenté, comprennent qu'ils ne pourront obtenir des résultats qu'en étudiant les ouvertures. Un jeu faible dans ce domaine ne pardonne pas , et le joueur qui connait mieux que son partenaire le début qu'il joue, part avec un avantage souvent décisif.

Le début de partie, c'est le stade délicat où toutes les pièces sont encore sur l'échiquier, et où il convient de trouver son chemin dans une véritable jungle de variantes et de sous-variantes. La théorie des ouvertures est là pour guider le joueur, grâce à l'expérience acquise par des siècles de pratique universelle. Mais son étude passe non sans raison pour ardue. Jadis, de petits ouvrages suffisaient à contenir les ouvertures connus. Près de mille pages seraient aujourd'hui nécessaires pour faire un tour complet de la "Défense sicilienne". Pareille étude est interdit au modeste amateur qui na ni le temps, ni, il faut l'avouer, les moyens intellectuels d'aborder un domaine aussi vaste. Et pourtant, afin de pratiquer ce jeu avec quelque bonheur, sans être obligatoirement un "fort en thème", il faut connaître un minimum de "théorie" pour jouer les débuts avec une certaine correction que la seule pratique ne peut suffire à apprendre. Pour mettre la théorie des débuts au niveau de l'amateur, il fallait faire oeuvre de véritable vulgarisation scientifique. C'est la tâche qu'a entreprise le Grand-Maître Ludek Pachman. Son livre sur les ouvertures constitue une véritable initiation destinée non seulement au débutant qui n'a guère depassé le stade de la marche des pièces, mais aussi au joueurs déjà formé. Tous les débuts sont abordés avec clarté et concisions, les plans qui s'y rapportent sont définis à l'aide de parties complètes qui en rendent la lecture et l'assimilation aussi aisées qu'attrayantes.

Pour le joueur d'échecs, le simple mot de combinaison possède une attraction presque magique. Il l'emporte dans un autre monde, peuplé de toutes les grandes figure des échecs. Il lui rappelle leurs exploits. Ce qui éblouit le plus est l'idée du sacrifice de matériel pour quelque chose de moins tangible, mais de plus précieux. Mais c'est là une vue idéalisée des choses. Le but d'une combinaison, si complexe soit-il, est parfaitement définir, et les moyens peuvent être analysés. Pour le joueur moyen, la difficulté consite à reconnaître le moment précis où une combinaison devient nécessaire en même temps que possible (aussi bien pour l'attaque que pour la défense), et à juger du type de combinaison qui convient. Rendre les combinaisons plus facile à comprendre et à imaginer pour ceux qui n'en ont pas naturellement le don, et donner du plaisir à ceux qui possèdent ce don. Tel est le but recherché par l'auteur de ce livre désormais classique sur les combinaisons.