Les Gnaouas du Maroc ont une pratique rituelle et symbolique très riche qui se manifeste notamment dans les lilas. Ce CD consacré à la troisième phase de ces nuits rituelles, les Mlouk ("les possesseurs"), livre en traversant les sept couleurs un aperçu du temps extatique des lilas, lorsque le maâlem et le collectif qui l'entournte investissent l'espace sacralisé. (Electre)

De Titelouze à Boëly, du début du XVIIe siècle à la fin de la royauté en 1848, une anthologie de l'orgue français élaborée à partir de la collection Tempéraments. Plus de deux siècles de musique à travers huit programmes conçus dans l'esprit du concert, associant aux plus belles pages des maîtres de l'orgue différents aspects de leur production instrumentale ou vocale. Une trentaine de compositeurs et une dizaine d'instruments historiques, servis par une vingtaine d'interprètes et d'ensembles. Une réalisation coïncidant avec le tricentenaire de l'orgue J.-Boizard (1714) de l'abbaye de Saint-Michel en Thiérache (Aisne), à l'origine de la collection avec Radio France.

Musiques de griot accompagnées par le délicat jeu du luth dambararou ; chants des rituels de possession thérapeutique soutenus par la vièle gogué, au rythme des tambours gon et karou ; choeur féminin (treize choristes) à l'interprétation pleine de relief, autant d'aspects de la tradition musicale des Bariba, descendants d'un royaume établi au XVe siècle, longtemps réputé pour leur farouche résistance à toute domination extérieure.

Dans une ambiance festive survoltée, une musique syncrétique mêlant influences autochtones et hispaniques (cordes, flûtes et percussions) par les musiciens du village nahuat de San Miguel Tzinacapan (région de la Sierra Norte de Puebla).

Les instruments essentiels de la musique baloutche figurent sur ce CD - le plus éminent (la vièle sorud), le plus ancien (la double flûte doneli) et le plus récent et plus brillant (la cithare benju) - qui présente l'art d'un peuple nomade épris de liberté, vivant au jour le jour et toujours en déplacement. Les Baloutches sont environ cinq millions répartis principalement au Pakistan, où ils occupent près de la moitié du territoire, au sud-est de l'Iran, en Afghanistan et dans les mirats du Golfe Persique où ils constituent une large diaspora. Par leurs origines et leur langue, ils se rattachent au monde iranien et semblent avoir d'abord occupé soit le centre de l'Iran (Kermân), ou même le nord, avant de migrer vers le sud-est. C'est à partir du XVIIIe siècle que se forma l'entité nationale baloutche à laquelle se rallièrent des tribus diverses, la condition essentielle étant l'adoption de la langue. C'est probablement à cette époque que se développa une poésie épique qui servit à rassembler tous les groupes et sous-groupes qui, de nos jours, sont considérés, toutes nuances confondues, comme baloutches. (Electre)

Le nord-est de l'ex-Zaïre abrite une exceptionnelle mosaïque humaine aux traditions très diverses, encore vivante avant le désastre des guerres de la fin du XXe siècle : ce CD présente la musique des Nyali, dont les riches répertoires combinent musique instrumentale et chant collectif. (Electre)

Abdukerim Osman Chimani et son ensemble proposent à travers cette interprétation inédite en Occident du muqam Nava, un retour à la tradition la plus ancienne du grand répertoire ouïghour d'Onikki Muqam (Patrimoine Immatériel de l'UNESCO) : fidèle à l'esthétique des Anciens, une musique de chambre raffinée (chant, luths, vièles, cymbalum, tambour sur cadre), voisine des traditions persane, turque, arabe et d'Asie centrale, alliant dans une même inspiration musique et poésie.

Fernanda Jiménez Pena (1923-2006) est née à Utrera, l'une des villes de la meilleure veine cantaora. Considérée comme l'une des plus grandes cantaoras de ces dernières décennies, Fernanda accompagne son chant du geste, avec un effort de concentration surhumain où silences, halètements, signes d'impuissance et gestuelle d'agonisante transforment ses concerts les plus inspirés en rendez-vous magnifiques, libérateurs et chargés d'un sens tragique. Bernarda Jiménez Pena (1927-2009), la soeur de Fernanda, est une cantaora spécialisée dans les bulerías qu'elle exécute avec une science incomparable. Jugées à tort comme des formes mineures, elles renferment une difficulté extrême du fait de leur rythmique trépidante et de l'exactitude de leur compás. Les bulerías de Bernarda charrient des états psychologiques infiniment complexes et épousent les lignes mélodiques les plus variées, pour donner des visions à la fois personnelles, anarchiques et foisonnantes, en une synthèse faite d'intimité et de capacité à émouvoir.

Wang Weiping appartient à la génération d'interprètes du luth pipa qui a brillamment succédé aux maîtres historiques : oeuvres traditionnelles et compositions sous la figure emblématique de la princesse Wang Zhaojun. Instrument au répertoire et à la technique les plus développés, depuis longtemps aux mains des professionnels, le luth pipa bénéficie d'une place prépondérante tant au conservatoire qu'au concert, et la nouvelle génération d'après la Révolution culturelle (1966-1976) a brillamment succédé aux maîtres historiques, Li Tingsong (Suzhou 1906-1976), Lin Shicheng (né en 1922 à Shanghai) et même Liu Dehai (né en 1937 dans le Hebei), ne leur cédant en rien, ni en virtuosité ni en musicalité.