Dans la première moitié du XVIe siècle, les petits instruments à cordes se développent et trouvent peu à peu leur synthèse dans le "vyollon", mentionné pour la première fois en 1523 à la cour de Savoie. C'est à la même époque que les premiers violons apparaissent dans les peintures, telle la fresque de Gaudenzio Ferrari qui illustre la pochette de ce disque. Le programme reconstitue le contexte musical de ces années, et propose pour la première fois un panorama des répertoires des premiers violons : d'une part, la musique franco-flamande qui fleurit en Italie depuis le milieu du XVe siècle ; d'autre part, le style italien qui renaît de ses cendres. Motets, ricercari, contrepoints, madrigaux et danses participent à cette redécouverte qui enrichit la découverte des instruments anciens, l'une des spécialités de Ricercar. Cet enregistrement est réalisé par le Miroir de Musique, jeune ensemble dont les membres sont en majorité des anciens étudiants de la Schola Cantorum Basiliensis. Un programme passionnant défendu par des interprètes qui associent le savoir à l'émotion. (Electre)

En cette année du bicentenaire de la naissance d'Adolphe Sax, Ricercar, catalogue au service de la connaissance des instruments de musique, ne pouvait se passer d'une réalisation qui rend hommage au génial inventeur du saxophone. Deux volets très contrastés évoquent le nouvel instrument. D'une part, le répertoire original qui fleurit à Paris dans les années qui suivent le dépôt du brevet d'invention, d'autre part le genre musical (Sax n'aurait jamais pu imaginer cela !) qui a finalement donné à l'instrument (et sa famille) ses lettres de noblesse : le jazz. Comme d'habitude chez Ricercar, le livret d'accompagnement est très soigné.

C'est deux ans après le décès de Louis XIV que Marin Marais publie son Quatrième Livre de Pièces de Viole. Il s'y affirme comme le maître du genre offrant à son public à la fois des pièces destinées à "ceux qui sont avancés sur la viole" mais aussi aux musiciens les plus virtuoses. Sur le plan stylistique, les formes classiques y sont déformées, les suites ne respectant plus le schéma traditionnel et faisant appel de plus en plus aux pièces de caractère. Cette imagerie parfois fantasque apportée par ces nouvelles pièces et la liberté formelle affirmée trouvent leur apogée dans la surprenante Suite d'un goût étranger dont la bonne trentaine de pièces aborde à la fois des tonalités inusitées jusque là et offre une multitude de caractères et d'évocations parfois exotiques. Et d'une façon nouvelle, un peu influencé par le genre des trios italiens, Marais conclût ce Quatrième Livre avec deux suites à trois violes, un genre qu'il affirme comme "nouveau en France".

Andreas Hammerschmidt est sans aucun doute le compositeur le plus injustement méconnu de l'Allemagne luthérienne du XVIIe siècle. Très peu d'enregistrements lui sont consacrés alors que son oeuvre bénéficia, de son vivant, d'une quantité très importante de publications. La quinzaine de recueils édités nous offre une oeuvre d'une grande variété qui, comme celle de son célèbre contemporain Heinrich Schutz, illustre la fusion entre la tradition polyphonique luthérienne et les diverses influences stylistiques du baroque italien. Pour ce portrait musical de Hammerschmidt, Vox Luminis a puisé dans plusieurs de ces recueils afin d'offrir une image aussi riche que possible de la variété des styles du compositeur. Tout le programme est articulé autour des textes de la période de la Passion et de Pâques, introduit par le très émouvant motet madrigalesque sur la mort du Christ, Ach Jesus stirbt.

Disciple de Mozart, Johann Nepomuk Hummel fut l'un des pianistes les plus admirés de son temps. Sa carrière débute à Vienne à l'époque où Beethoven vient de s'y installer. Au même titre que Beethoven, il appartient à cette génération de compositeurs dont l'oeuvre se classe entre le classicisme et le romantisme naissant. ? côté d'un catalogue assez abondant, dont des oeuvres de grande qualité pour le piano, Hummel est aussi l'auteur de nombreux arrangements de compositions symphoniques en versions de chambre. C'est le cas des concertos pour piano de son maître Mozart et des symphonies de son ami Beethoven dont il a transcrit l'intégralité pour cette formation qui réunit autour du piano, la flûte, le violon et le violoncelle. Pour son disque de lauréate du concours du MA Festival de Bruges 2019, la pianiste roumaine Aurelia Visovan propose ce programme particulièrement original.

Pour le deuxième volet de son anthologie de la musique de clavecin allemande du XVIIe siècle, Yoann Moulin part de la célèbre compétition organisée lors de la rencontre de Weckmann et Froberger à la cour de Dresde. C'est de ces années 1650 qu'aux modèles de la musique italienne viennent se greffer les influences du style français. Les compositions de cette période nous apparaissent dans leur infinie variété qu'illustre ici la notion de Stylus luxurians.

S'il est un disciple de Johann Sebastian Bach dont la postérité a été largement assurée, c'est bien Johann Gottlieb Goldberg. Mais cette destinée, il la doit en fait à ses fonctions de claveciniste auprès du comte Keyserling : lors des insomnies de ce dernier, Goldberg devait lui jouer les fameuses variations qu'il avait commandées au cantor de Leipzig. Cela a sans doute longtemps occulté le fait que Goldberg était également un excellent compositeur. Mis à part ses deux uniques cantates conservées (enregistrées chez Ricercar), son oeuvre est essentiellement instrumentale et le genre de la sonate en trio y occupe une place appréciable. Les voici ici réunies dans leur intégralité, avec une sonate en do majeur attribuée durant tout un temps à Johann Sebastian Bach (BWV.1037).

Josquin Desprez, princeps musicorum, prince des musiciens, comme l'ont appelé ses contemporains est aujourd'hui surtout connu pour son oeuvre religieuse, Messes et Motets, qui a été amplement interprétée et enregistrée. De façon surprenante, ses chansons ont peu retenu l'attention des interprètes, si ce n'est celles à 5 et 6 voix, éditées après sa mort par l'éditeur anversois Tilman Susato dans son septième livre de 1545. Doulce Mémoire s'est penché sur des chansons à 3 et 4 voix, sans doute plus anciennes dans l'oeuvre du maïtre "hennuyer" ; par leur diversité de langages et de thématiques (parfois populaires), ces chansons constituent un programme varié à la fois sérieux et déluré, témoignage de l'art inégalé de Josquin Desprez.

Une immersion dans les musiques de la Grande Ècurie à la Cour de France. Le programme est construit au départ des musiques qui ponctuaient toutes les cérémonies de la cour depuis Henri IV jusqu'à Louis XIV en suivant aussi l'évolution de la facture instrumentale ce qui permettra d'entendre d'une façon très précise les couleurs spécifiques et méconnues correspondant à chaque époque et tout particulièrement le premier enregistrement de la reconstitution de la Bande de Grands Hautbois du début du XVIIe siècle dans sa formation complète à 12 instruments.

Né vers 1430 à Leuze (Hainaut ou région namuroise), Johannes Martini est d'abord actif à Constance, puis à Milan et à Ferrare, où il meurt le 23 octobre 1497. Très lié à la famille d'Este, il est rémunéré en 1479 pour la réalisation d'un grand livre de chant pour la chapelle ducale de Ferrare. Il est également la figure centrale du chansonnier Casanatense qui fut compilé pour le mariage d'Isabella d'Este avec Gianfrancesco II Gonzaga en 1490. Grâce à ces collections, nous pouvons pour la première fois présenter un aperçu de l'immense production d'un des compositeurs les plus raffinés de la génération précédant celle de Josquin.