Cinq compositions (toutes des premières) dont des dédicaces à John Lindberg et Marion Brown et cette Occupy the world for life, liberty and justice prêtant son titre à l'album et qu'inspira le mouvement Occupy - assimilée aux Indignés, l'organisation internationale s'inscrit en lutte contre les inégalités économiques et sociales - par un big band finnois de 22 musiciens répondant du nom de Tumo comme au doigt et à la trompette de Wadada Leo Smith. La première parution du septuagénaire depuis Ancestors et Ten freedom summers, nominé pour le prix Pulitzer, demande un effort d'écoute et d'attention de la part de l'auditeur lequel s'en verra récompensé au centuple. Très beau livret comprenant notes et annotations du héraut de l'avant-garde et de l'improvisation libre, ainsi que des biographies et des photos de tous les acteurs impliqués.

Les trois monstres sacrés de l'improvisation se rencontrèrent au Whitney Museum de New York, lors d'un hommage à Cecil Taylor, celui-ci y ayant assisté de son vivant en avril 2016. Cet album fut enregistré en février 2021, à la suite d'un concert et nouvel hommage au pianiste lors du festival Sons d'Hiver. Neuf compositions originales et une reprise de My funny Valentine sont au programme de cette ébouriffante session.

"De temps en temps le saxophoniste et le batteur de jazz doivent se retrouver seul à seul, à l'exclusion des autres musiciens", lança à brûle-pourpoint le vénérable Benny Golson avant de se jeter dans un corps à corps passionné avec son batteur de l'époque. D'aussi intense veine créative que celui de Braxton et Roach en 1978, le duel engagé ici entérine cette déclaration la dotant d'une dimension mélodique improvisée plutôt bienvenue. Les étincelles fusent de part et d'autre allumant des combustions spontanées au centre des sept compositions de Cyrille (parmi lesquelles un solo de batterie dédié à Roscoe Mitchell), de cinq d'Osby ainsi que d'une reprise de Thelonious Monk enregistrées à New York début 2005.