Contributions issues du colloque international tenu en mars 2000, étudiant les écrivains d'origine italienne qui utilisèrent le français comme langue seconde pour favoriser la diffusion de leurs oeuvres, du Moyen Age au XVIIIe siècle. Marco Polo, Martino da Canale, Giuseppe Baretti, Goldoni et Savinio sont notamment évoqués.

De femme en femme, de succès en défaite, de mort en résurrection, Solal, le héros d'Albert Cohen, promène au long des pages une essentielle insatisfaction. Messie à la recherche d'une nouvelle Ève ou Dionysos ravisseur d'Ariane l'ensoleillée, il cristallise dans sa quête un faisceau de modèles mythiques, tout en scrutant la tradition religieuse dont il est le dépositaire amoureux et rétif. Par la voie de ces préférences remontent dans l'œuvre les élans les plus profonds d'une imagination en proie à l'angoisse du devenir ; elles permettent à l'écrivain, qui les interroge en jouant avec elles, d'entrer en dialogue avec un héritage littéraire, philosophique et religieux - héritage composite du descendant d'Aaron et du fils de la modernité, héritage d'un homme dont l'unité cherche à se ressaisir.

L'allusion est au coeur du fait littéraire, envisagé comme tradition spécifique et comme travail d'art aussi bien que comme représentation de la parole sociale. Il s'agit d'une notion à la fois évidente et instable que la tendance actuelle à définir la littérature comme intertextualité risque de dissoudre. Les contributions réunies renouvellent l'approche de l'allusion littéraire.

Chez Foscolo, Leopardi, Ungaretti, on trouve une vigilence extrême à l'égard de la langue, outil, terrain, objet de la recherche poétique, produit de cette fiction, qui signifie proprement "modelage". Leopardi crédite explicitement Foscolo d'une contribution décisive à la formation d'une langue poétique italienne, et constituera pour Ungaretti un point de repère constant.