Exténués par cinquante ans d'un régime tyrannique, les Albanais sombraient dans la misère. Des sociétés financières douteuses leur ont promis la fortune facile. Jusqu'à la faillite du système et la révolte d'un peuple grugé et ruiné.

Chômage et absence d'avenir pour les jeunes, corruption et arrogance du pouvoir.... Selon un quotidien de Tirana, tous les ingrédients d'un scénario à la tunisienne sont désormais réunis au pays des Aigles.

Ex-artiste devenu Premier ministre, Edi Rama rêve d'ancrer son pays à l'UE et d'en éradiquer corruption, clientélisme et trafics en tout genre.

Entre le chaos albanais et la guerre civile qui a déchiré la Bosnie, les différences sont importantes. Mais pour les Européens, les mêmes questions se posent : faut-il une intervention militaire ? En vue de quelle solution politique ? Peut-on l'envisager sans les Américains ?

Révolte spontanée ou manipulée ? Communiste ou mafieuse ? Rivalité clanique entre le Nord et le Sud ? Simple jacquerie ? Aucune de ces hypothèses ne permet d'expliquer le séisme qui secoue la société albanaise et que rien ne semble pouvoir arrêter.

Pris au piège d'une spéculation aux promesses insensées, des millions d'Albanais ont perdu tous leurs biens en quelques jours. Et le pouvoir est impuissant face à l'émeute.

Les médias internationaux s'intéresseront-ils à l'élection du président albanais, prévue début juillet 2002 ? Il y a trois ans, ils braquaient leurs feux sur l'Albanie.

Après avoir été prise dans la frénésie de la spéculation des pyramides financières qui l'a laissée exsangue, l'Albanie s'est maintenant jetée dans une fièvre de construction de maisons individuelles qui par sa totale anarchie, résume la décomposition politique de ce pays.