La Cour de cassation vient de confirmer la "faute inexcusable" des marchands d'amiante. Ils savaient et n'ont rien fait.

Plus de 2000 morts, des milliers d'autres à venir... Si le procès en Italie contre deux dirigeants du groupe Eternit se termine ce mois-ci, les poursuites judiciaires, l'indemnisation des victimes et le désamiantage s'annoncent interminables en France.

Dès les années 1950, des industriels de l'isolation thermique et acoustique mettent en oeuvre une intuition : développer des fibres minérales artificielles pour les substituer aux dangereuses fibres naturelles d'amiante...

On constate en Nouvelle-Calédonie des taux très élevés de mésothéliomes de la plèvre, la maladie provoquée par l'amiante. Pourtant, ce territoire d'outre-mer n'abrite pas d'activité industrielle expliquant le phénomène...

A la fin des années 70, on croyait que la France était l'un des pays les mieux protégés d'Europe contre les dangers de cet isolant. Au sein du lobby concerné, beaucoup savaient pourtant qu'on était loin du compte.

Dans la capitale belge, le désamiantage de l'immeuble des Communautés européennes, véritable Tchernobyl en pleine ville, décidé en 1991, ne permettra pas la réoccupation des locaux avant l'an 2000. Un vrai cauchemar qui laisse craindre le pire pour Jussieu.

Un électricien de 63 ans, atteint d'un cancer de la plèvre, a saisi la justice pour "empoisonnement". Le parquet n'a retenu que les "blessures involontaires" et la plainte "contre X". Ce n'est pourtant qu'un début.

C'était un projet ambitieux lancé par Malraux : la plus grande fac des sciences d'Europe et le plus beau campus de France. Trente ans après, c'est un monstre amianté qui fait peur à tout le monde et excite les convoitises des promoteurs.

Encore aujourd'hui, des produits sont lancés sur le marché sans avoir été suffisamment testés quant à leurs toxicité. Or il faut souvent des dizaines d'années avant de confirmer scientifiquement les risques sanitaires.

Les ouvriers d'Eternit travaillaient dans la poussière d'amiante, la respiraient sans masque, la maniaient à mains nues. Ils s'en servaient pour cosntruire leurs maisons, leurs enfants jouaient sur les déchets de l'usine.