Des élèves chahutant pendant le cours sur la Shoah ou refusant d'étudier Voltaire : de telles histoires circulent depuis quelques années. Pourtant aucune étude systématique du phénomène n'avait été réalisée.

La question juive refait surface avec une vigueur nouvelle. La France serait-elle reprise par ses anciens démons ? Historien et ancien ambassadeur d'Israël à Paris, Elie Barnavi livre ici ses réflexions. Inspirées aussi par la lecture du dernier livre de Michel Winock.

L'Affaire Dreyfus n'est pas née du seul "bordereau" qui fit couler tant d'encre. Elle est aussi la conséquence de la communication aux juges du premier Conseil de Guerre de 1894, à l'insu de la défense, d'un "dossier secret" commandé par la général Mercier, ministre de la Guerre.

A l'été 1899, les forces de l'ordre encerclent l'immeuble parisien du 51, rue de Chabrol. Leur mission : déloger les ultras nationalistes et leur meneur, Jules Guérin. Un assaut qui va durer... trente-huit jours !

Presque toutes les grandes crises politiques qui ont marqué l'histoire de la IIIe République se sont accompagnées d'intenses campagnes antijuives, qui n'ont pas épargné la chambre des députés, lieu majeur d'expression du politique et véritable coeur du pouvoir.

Le rapport rendu public le 9 avril 2015 de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) note un essor des actes antisémites et confirme l'effondrement de la tolérance française envers les cultures minoritaires, l'apparition d'une "quasi phobic" vis à vis des pratiques musulmanes et la "montée d'un racisme anti-Roms".

Fini, les années potes. L'onde de choc venue du Proche-Orient a atteint la société française. Depuis quinze mois, les violences antijuives se multiplient.

De la révolte contre des actes de violence répétés à la solidarité totale avec la politique du gouvernement Sharon, la voie est étroite pour la communauté juive.

Onde de choc de la guerre israélo-palestinienne dans les cités lyonnaises, flambée d'antisémitisme ou actes de violence de petits délinquants qui veulent faire parler d'eux ? Les nerfs sont à vif, mais les responsables des communautés juive et musulmane se mobilisent pour éteindre ce mauvais feu.

Non, la France n'est pas un pays antisémite. Mais l'antisémitisme s'y développe. Une judéophobie hier refoulée, aujourd'hui décomplexée. Et parfois violente. Elle se concentre dans un milieu bien précis : cette fraction de la communauté arabo-musulmane qui, entre frustration sociale et solidarité avec la cause palestinienne, trouve dans la détestation du Juif un exutoire à son mal de vivre, une revanche sur l'histoire.

Discriminations, insultes, brimades, incendies d'écoles et de bâtiments religieux, profanations de cimetières : un poison gagne la société française. Claude Askolovitch, Caroline Brizard et Marie-France Etchegoin ont enquêté sur ce fléau identitaire. "Le Nouvel Observateur" lance un manifeste contre l'intolérance qui gagne la France.

Pour le président israélien Moshe Katsav, qui sera reçu dans notre pays du 16 au 19 février, l'Elysée a déroulé le tapis rouge, soulignant ainsi la solennité de cette rencontre éminemment politique.