Pierre Bergé publie un carnet de jeunesse inédit de celui qui ne signait pas encore Guillaume Apollinaire.

Le 1er janvier 1915, le poète rencontre Madeleine Pagès. Dans les tranchées, il lui écrit des lettres érotiques, pour la première fois publiées dans leur intégralité. Philippe Claudel, l'auteur des "Ames grises", prix Renaudot 2003, présente aux lecteurs de "l'Obs" cette correspondance.

On connaissait depuis longtemps l'histoire. Le 5 décembre 1914, la demande d'engagement d'Apollinaire, formulée dès le 10 août, est acceptée. Il part faire ses classes à Nîmes.

Se souvient-on de Guillaume Apollinaire ? Il est si inconfortablement installé dans notre panthéon littéraire qu'il y a lieu de s'interroger sur le sort que les prescripteurs du goût lui ont réservé depuis 1918, année de sa mort précoce.

Apollinaire est désormais dans le domaine public, sur le plan juridique s'entend. La vérité est qu'il l'était depuis longtemps dans la conscience de notre époque. Il est de veux qui ont ouvert les portes de la poésie moderne. Au cours des dernières décennies, les investigations des chercheurs ont dissipé à son propos plusieurs légendes, levé certaines énigmes, éclairé d'un jour nouveau le prisme d'une existence fluctuante et trop brève, et d'une personnalité protéiforme, souvent insaisissable. Ce numéro d'"Europe" s'inscrit dans cette continuité.

Au début du XXe siècle, l'avenir paraît porteur de merveilles prométhéennes et de territoires nouveaux : premiers avions et premières projections cinématographiques, mais aussi découverte de l'inconscient par Sigmund Freud et de la relativité par Albert Einstein... Poètes et peintres entreprennent alors de se débarrasser des façons anciennes de raconter le monde, afin de libérer l'imaginaire.