Des Lumière à Chaplin et Eisenstein, le cinéma s'est nourri des autres arts autant qu'il les a transformés. De Rouen à Nice, une kyrielle d'expositions explore le phénomène cet automne 2019. /Texte

Quelle place pour le cinéma au musée ? Cela fait longtemps que les films sont exposés en galerie, que la pellicule argentique sert de support à la création contemporaine, et que les appareils de projection et les jouets optiques sont partie prenante d'installations artistiques, mais le cinéma tout entier, comme machinerie et comme art, comme cérémonie collective et culture visuelle, comment en dresser la chronique sans plier celle-ci à une vision téléologique ? Comment en faire le récit sans déplorer en même temps son achèvement à une époque où les salles se vident au profit des plateformes ?

De Fra Angelico à Francis Bacon, le cinéma de Pier Paolo Pasolini est traversé de références picturales. C'est que la peinture provoquait chez lui une recherche du miracle dans l'image, selon un mot particulièrement cher au cinéaste. En témoigne l'exposition "Pasolini en clair-obscur", au Nouveau Musée national de Monaco, Villa Sauber (29 mars-29 septembre 2024), sous le commissariat de Guillaume de Sardes.

Le cinéaste allemand des "Ailes du désir" signe un film magnifique sur son compatriote, le peintre Anselm Kiefer. L'histoire aussi d'une complicité de trente ans. Rencontre.

Les exégètes de l'oeuvre de Pedro Almodovar célèbrent à l'envi le soin que le cinéaste porte aux décors de ses films. Les objets, les sculptures, les affiches de films, les posters, les tableaux placés dans les appartements et les maisons de ses personnages ne sont pas choisis1 simplement en raison de leurs qualités esthétiques intrinsèques.

De Luchino Visconti hanté par les peintres de la Nouvelle Objectivité à Henri-Georges Clouzot électrisé par l'op art, on sait à quel point le grand écran rayonne de mille feux empruntés à la peinture comme à l'art contemporain. Mais l'inverse est vrai aussi. Une salve d'expositions dans toute la France rallume la flamme. Sommaire. Quand l'art vampe le cinéma (et réciproquement). Michel Gondry : "Le surréalisme a stimulé ou plutôt réveillé mon imaginaire". Cinéma expérimental ou art vidéo ?