L'époque manque cruellement d'individualités qui sortent de l'ordinaire. Pourtant, c'est dans le monde autiste de la bande dessinée qu'il est possible de dénicher un individu hors normes qui réfute l'idée même d'être une possible nouvelle forme d'intelligence éclairée. Il est breton de l'intérieur des terres, mais dessine la mer comme si sa vie en dépendait. Amoureux de la nature, il n'hésite pas à parcourir le monde pour constater les ravages de l'homme, de Tchernobyl à Fukushima.

Découvert dans l'hebdomadaire "Spirou", le personnage de Ptirou nous a tout de suite séduits par son originalité et le dynamisme de son trait. Basé sur un fait réel qui s'est déroulé lors de la grande crise économique des années 30 - et raconté succinctement par Rob-Vel quand il expliquait l'origine de Spirou -, Ptirou devient, grâce à l'imagination d'Yves Sente et au dessin de Laurent Verron, un personnage de fiction.

Marion Montaigne est curieuse, au premier sens du terme. Pendant une interview, elle pose presque autant de questions qu'elle ne donne de réponses. C'est l'une des meilleures qualités d'une bonne journaliste. Son album sur Thomas Pesquet, elle l'a construit comme une enquête méticuleuse. Et comme elle est drôle, très drôle, l'effet s'en fait sentir dès les premières pages. Il est donc possible de faire des albums à la fois instructifs, pédagogiques et dégageant de la bonne humeur. Trop forte !

Venu à la bande dessinée sur le tard, Olivier Dobremel - alias Dobbs - s'est fait remarquer avec plusieurs albums de la collection 1800 des éditions Soleil. On lui doit notamment "Allan Quatermain et les mines du roi Salomon", "Alamo", "Mister Hyde contre Frankenstein", ou encore "Scotland Yard". De purs récits de genre aux titres évocateurs, dans lesquels le scénariste a démontré des qualités d'écriture certaines. Après avoir adapté "Odyssée sous contrôle" chez Ankama, il a créé pour Glénat une collection consacrée aux chefs-d'oeuvre de H. G. Wells.

Histoire de ne rien vous cacher, nous y allions à reculons... Cette reprise par Stephen Desberg de "S.O.S. Bonheur"- une série culte de Jean Van Hamme - nous laissait sceptiques, même si Griffa en restait le dessinateur. Sentiment vite dissipé ! Dès les premières pages, la magie rencontrée il y a plus de vingt ans agit de nouveau. Dans ce canevas et cet univers anxiogène instauré par le scénariste de "XIII", Stephen Desberg retrouve un niveau scénaristique que nous ne lui avions plus connu depuis fort longtemps. Il a accepté de revenir, avec nous, sur les dessous d'une telle reprise...

Si les séries dérivées de bandes dessinées sont désormais monnaie courante - "Le Marsupilami" est d'ailleurs, techniquement, un spin off de "Spirou et Fantasio" -, leur déclinaison en albums jeunesse est plus rare. La faute en grande partie au cloisonnement des différents secteurs de l'édition. En adaptant, pour un très jeune public, le héros palombien créé par Franquin, c'est donc un véritable défi que s'est lancé Benjamin Chaud.

Avec son trait élégant, stylé et racé, Serge Clerc est un auteur emblématique des années 80. Pionnier de la nouvelle ligne claire, issu de la culture rock des années 70, il a notamment créé Phil Perfect, le plus rock'n'roll des héros de BD. Apparu dans "Métal hurlant" et "Rock & Folk", puis dans les pages de "Spirou" ou encore "Fluide glacial", cet auteur majeur publie aujourd'hui "Intégrale Noir", quatrième et dernier volume d'une magistrale compilation chronologique et raisonnée de son oeuvre. En complément, une analyse du travail de Serge Clerc par José-Louis Bocquet.

Dans la lignée des "Penny Dreadful", un genre littéraire macabre et populaire au XIXe siècle au Royaume-Uni et vendu un penny aux adolescents de l'époque, les aventures du "Docteur Radar" célèbrent Fantômas, Rouletabille et Arsène Lupin, mais aussi le cinéma expressionniste allemand comme le feuilleton radiophonique français. Dessiné par Bézian et imaginé par l'écrivain-journaliste-comédien Noël Simsolo, "Tueur de savants", le tome 1 paru en 2014, nous a fait découvrir Ferdinand Straub, un as de l'aviation française reconverti en détective aux trousses de l'infâme Docteur Radar.

Sur les étals des vendeurs, la biographie dessinée semble être une affaire qui marche. Deux volumes dédiés respectivement à Philip K. Dick et Howard P. Lovecraft ont retenu notre attention. D'où ces quelques questions essentielles à Laurent Queyssi et Alex Nikolavitch, les deux scénaristes responsables des retours à la vie sur le papier de ces immenses auteurs de science-fiction.

La Fille dans l'écran, c'est l'histoire de Marley, une barista et photographe basée à Montréal, et de Coline, une toute jeune femme qui souffre de phobie scolaire et vit enfermée chez ses grands-parents à Périgueux. Pour des raisons professionnelles, les deux femmes seront amenées à se rencontrer sur Internet. Vont alors naître des sentiments et un amour qu'elles n'avaient pas prévus, et qui vont les pousser à se rencontrer dans la vraie vie. Lou Lubie et Manon Desveaux proposent ici un format inédit, où deux récits se développent en parallèle.

L'année de ses 70 ans, André Juillard signe un album planant entre ciel et terre sur fond de guerre d'Espagne.

Jean-Luc Istin n'a pas toujours les honneurs de la presse, et c'est bien dommage. Entre son travail d'éditeur pour les éditions Soleil et de scénariste, il mérite d'avoir la parole et d'être lu, bien entendu. Avec "Elfes" et ses séries parallèles, où il n'hésite pas à s'entourer d'autres auteurs de talent, il accède (enfin ?) à un rang digne de son imaginaire foisonnant. De là à recevoir la consécration à Angoulême ?