Lorsque, le 30 décembre 1884, l'accueil l'enthousiaste à Leipzig de sa "Symphonie n° 7" lui laisse entrevoir un début de reconnaissance, Anton Bruckner travaille depuis six mois à la" 8e", partition bien plus audacieuse et monumentale qu'il achève en août 1887.

Triomphe à sa création, ce monument est l'un des plus périlleux par sa longueur et l'exigence d'une vision. Quel chef saura habiter cette cathédrale sonore ?

On célèbre en 2024 le deux centième anniversaire de la naissance du maître de Saint-Florian, dont l’oeuvre bénéficie désormais d’une très riche discographie. Entre les étapes d’une vie pétrie de dévotion, les partitions plus ou moins célèbres et les enregistrements mythiques, suivons la trajectoire d’un parcours créatif qui, comme les cathédrales, lança ses flèches tout là-haut, jusqu’aux cieux.

C'est un des parcours les plus fascinants et les plus déroutants de l'histoire de la musique. Celui d'un fils d'instituteur instruit par la campagne et l'église de sa Haute-Autriche natale, auteur de symphonies qui défient le temps, s'emparent de l'espace et mènent au ciel. Un parcours artistique que la biographie ne saurait expliquer. Comment comprendre en effet qu'un être à l'apparence rustique, aux manières gauches, objet de nombreuses moqueries, évidemment pas un sot mais pas non plus un intellectuel, puisse écrire une musique qui voie si loin, si large, si haut, si profond?