A 600 kilomètres des plages de Phuket, dans l'extrême sud du royaume, des séparatistes musulmans mènent une lutte sans merci contre Bangkok. Ici aussi, l'organisation Etat islamique cherche à recruter...

Le 29 juin 2014, Abou Bakr al-Baghdadi proclamait la naissance d'un "califat", qui, par sa barbarie, fera rapidement l'unanimité contre lui. Un an après, la large coalition censée le détruire est loin d'avoir atteint son objectif.

Forgé à la mort du Prophète en 632 pour désigner son successeur, le titre de calife a été porté par les souverains omeyyades, puis par les Abbassides. A l'origine, le calife détient les pouvoirs politique, religieux et militaire, mais il est, aux IXe et Xe siècles, dépossédé de ces prérogatives. A partir du XVIIe siècle, le sultan ottoman est assimilé au calife des musulmans. L'institution est officiellement abolie en 1924, mais ne cesse de resurgir dans le discours politique du Proche-Orient. En 2014, Daech proclame à nouveau le califat. Sommaire. Le calife abbasside : Pape ou empereur ?.

Le rêve d'un Etat islamique gouvernant tous les musulmans a le vent en poupe. En Syrie et en Irak, mais aussi au Nigeria et au Pakistan, des mouvements rebelles combattent en son nom. Au-delà de ces djihadistes, une majorité de musulmans est attachée à cette même idée, attachement qui témoigne du rejet du modèle occidental par les populations des pays émergents. Une défiance envers les valeurs démocratiques et la laïcité qui trouve un écho jusqu'en Europe orientale. En jeu, les fondations du système international.

A plusieurs reprises, dans des discours sur la "guerre mondiale contre le terrorisme", le président George W. bush a brandi la menace de la reconstitution d'un grand "califat" musulman et totalitaire s'étendant de l'Europe à l'Asie.

Dans le sud de la Jordanie, la ville de Maan échappe au contrôle des autorités. Pauvreté, insécurité et extrémisme religieux forment ici un terreau pour l'Etat islamique. Il y recrute des djihadistes et ambitionne d'ajouter la fragile monarchie hachémite à ses conquêtes.

L'irruption d'un « califat » à prétention globale sur les débris de l'Irak et de la Syrie a plongé nombre d'observateurs dans la confusion. Mais les choses sont plus simples qu'il n'y paraît.

En instaurant le califat, les fanatiques de l'EIIL ont fait de l'islam une source d'embarras public, constate l'intellectuel syrien Yassine Al-Haj Saleh.

Fondé sur une idée fausse du califat comme de la démocratie, le mythe politique sur lequel se fondent la propagande et le recrutement de l'État islamique se réincarnera dans le temps long pour continuer de moboliser autour de lui. Il est donc primordial de l'analyser pour le déconstruire, et de lutter, aussi, sur le terrain des idées.