C'est l'un des arguments phares de la majorité : quand ils étaient au pouvoir, les socialistes ont gaspillé les deniers publics. Erreur.

Les 3 millions de pot-de-vin de Michel Mouillot, les écoutes téléphoniques des proches de Léotard, les fausses factures des HLM de Paris... Tous ces dérapages nourrissent la guerre souterraine que se livrent les divers clans de la majorité.

L'année 1983 ne scelle pas seulement la conversion au marché de la gauche de gouvernement. Elle entérine aussi le basculement libéral du mouvement gaulliste.

Fausses factures, paiements en liquide, comptes en Suisse, enquêtes judiciaires : cette fois, ce sont des membres de l'actuel gouvernement qui sont impliqués. Les juges seront-ils libres de poursuivre leurs enquêtes ?

Pour l'instant, la popularité du Premier ministre leur impose une certaine réserve. Mais les laissés-pour-compte de la victoire de la droite - Giscard et Millon en tête suivis par certains élus RPR - sont déjà à l'affût.

Fini l'agressivité, les solutions définitives, les formules péremptoires. Pour le premier ministrable autoproclamé, la "politique frénétique", c'est du passé.

Effacé, le vieux clivage qui séparait les deux France ?

Jamais président de la Ve République n'aura eu un tel pouvoir : Elysée, Matignon, Assemblée, Sénat... et que lui importe aujourd'hui l'abracadabrantesque parcours qui l'a mené de son semi-échec de mai à son triomphe de juin.

Le succès de l'UMP, c'est presque autant celui de Juppé que de Chirac. Cela n'empêche pas le président plébiscité de refuser au duc de Bordeaux la présidence de l'Assemblée qu'il convoitait.

Qu'ont-ils fait payer à la maire de Lille, ces quelques centaines d'électeurs qui ont fait sombrer la wonder girl des socialistes ? Les 35 heures ?

Casse-tête pour les socialistes : comment dénoncer des mesures dont beaucoup ont été sorties de leurs propres cartons ? Le gouvernement cherche à décrocher durablement l'électorat populaire de gauche.