En 1899, Isabelle Eberhardt débarque sur la terre africaine. Durant les quatre années qui lui restent à vivre, « entrée en nomadisme comme on entre en religion », la jeune femme va inlassablement parcourir le Maghreb, s'en-fonçant dans les déserts, prenant tous les risques, provoquant l'indignation des colons aussi bien que l'admiration d'un Lyautey... Etait-elle une insoumise ? une aventurière ? une mystique attirée par l'Islam ? En romancière pénétrante, fascinée par son personnage, Edmonde Charles-Roux nous fait à merveille sentir les richesses de cette prodigieuse personnalité. Autour de son héroïne, elle déploie les décors grandioses, les traditions, les scandales aussi de cette Algérie coloniale, où sont déjà perceptibles la révolte et la passion religieuse qui ont, depuis lors, tragique-ment écrit son histoire.

Grâce aux splendides photos de Jean-Luc Manaud qui montrent un désert intemporel et aux photographies anciennes qui font revivre ce lieu magique au tout début du XXe siècle, nous suivons les traces d'Isabelle Eberhardt depuis Marseille où elle embarqua en 1897 et cheminons avec elle en Tunisie, en Algérie, dans les ksour, les palmeraies, les mosquées et dans le désert, celui dont elle a rêvé, celui où elle s'est rendu, celui sur lequel elle a écrit pendant sa courte vie. Durant sa courte vie, cette femme de lettres, souvent vêtue en homme, mena une vie aventureuse en Algérie et au Sahara, épousa un autochtone et se convertit à l'Islam, devint journaliste à la Dépêche algérienne et à l'Akhbar. Ses récits qui parurent tous après sa mort montrent sa fascination totale pour le désert.

C'est à vingt-sept ans qu'Isabelle Eberhardt est retrouvée morte dans les décombres de sa maison, laissant derrière elle de nombreux textes. Quatre de ses cahiers forment ce qu'elle avait appelé Mes journaliers. D'Isabelle Eberhardt, Actes Sud a déjà publié Notes de route (1998) ainsi que Dans l'ombre chaude de l'Islam écrit avec Victor Barrucand (Babel n° 226

"Conserve ces quelques lettres où je réussis parfois à mettre un peu de mon âme…" Les trois hommes qu'a le plus aimés Isabelle Eberhardt (1872-1904) ont suivi ce conseil, et c'est ainsi que nous sont parvenues les pages les plus saisissantes de son œuvre. Ces lettres nous font pénétrer dans l'intimité d'un être étrange, objet de scandale et de ferveur, une femme qui a vingt ans parle d'elle au masculin et tourne le dos à l'Europe de la Belle Époque pour accomplir son rêve de fusion avec le désert. Sa correspondance se lit comme le récit de son fulgurant voyage : six années d'errance imaginaire et réelle jusqu'à sa mort précoce dans les eaux d'un oued en crue.

I. Eberhardt n'a pas fini d'intriguer par les circonstances singulières de sa vie et d'une oeuvre toute dédiée à la fascination du monde arabe. Dépouillant des archives inédites, l'auteur retrace le destin de cette jeune femme d'origine russe, convertie à l'islam et d'une indépendance farouche.

En revisitant les écrits d'I. Eberhardt, et en les juxtaposant à son parcours, l'auteure apporte un éclairage novateur sur sa vie et son oeuvre, en mettant en lumière le rôle primordial d'Ali Abdul Wahab, fils du gouverneur de Mahdia, en Tunisie, éternel amant de coeur, avec qui elle correspondait déjà de Genève, et qui lui restera fidèle jusqu'au bout malgré ses nombreuses frasques.

Les auteurs sont des spécialistes reconnus de l'oeuvre d'Isabelle Eberhardt. Ils ont également publié de nombreux ouvrages la concernant, dont Un amour d'Algérie aux Éditions Joëlle Losfeld et Sables chez Liana Levi, et ont permis la réédition de son oeuvre dans la collection Arcanes.