C'est dans une lettre à sa maîtresse, Louise Colet, que Flaubert, alors âgé d'une trentaine d'années, évoque l'ami disparu, Alfred Le Poittevin, et l'ami présent, Maxime Du Camp : le premier, mort trois ans plus tôt, en 1848, a été l'intime, le " seul confident " ; le second, rencontré à Paris pendant leurs années d'études, demeurera le compagnon d'une vie entière, malgré les brouilles et les séparations. Le métaphysicien et l'aventurier ne s'aimaient guère ; voilà pourquoi Flaubert entretint avec chacun une correspondance séparée. En dépit des promesses de destruction de ces lettres souvent indiscrètes ou scandaleuses, une grande partie d'entre elles nous est parvenue : les lettres écrites par Flaubert et Le Poittevin entre 1837 et 1847 ou celles que s'adressent Du Camp et Flaubert jusqu'à la mort de celui-ci, en 1880, bruissent de lectures et de livres projetés, de femmes possédées, de départs réels ou rêvés. Voilées ou explicites, les déceptions transparaissent aussi le mariage de Le Poittevin, ressenti par Flaubert comme une trahison, les stratégies mondaines de Du Camp ou encore ses critiques parfois rudes à l'endroit du style du romancier -, tandis que la maladie et les deuils deviennent une chronique nécessaire. Ces correspondances, dont les allusions et les énigmes sont explicitées par des notes abondantes, comportent un grand nombre de lettres inédites ; on trouvera en annexe des lettres échangées par Flaubert et Adèle Husson, la maîtresse de Du Camp.

La vie de Gustave Flaubert (1821-1880) est l'histoire d'une obsession et d'un sacrifice : écrire. Peu d'artistes se confondent avec leur oeuvre à un point tel que leur existence semble s'effacer derrière la tâche à accomplir. Les cinquante-huit années que Flaubert passa sur cette terre n'ont rien de très romanesque : quelques voyages, des amours interrompues, peu d'intrigues carriéristes, aucun engagement politique sinon quelques coups de gueule antirévolutionnaires ou anticommunards, qu'un jugement rapide pourrait faire passer pour réactionnaires. Et pourtant, cette vie est une aventure prodigieuse, celle d'une conscience tout entière tournée vers l'oeuvre à faire et la conquête de soi. Le mystère, peut-être, est que cette vie, comme l'écrivait Sartre, « si plate, si terne, où les phrases sont des aventures », puisse susciter une telle fascination, et que cette expérience, pour l'essentiel intérieure, prenne si souvent l'allure d'un combat épique.

Propose une lecture dans un "texte total" de l'oeuvre de deux écrivains épileptiques, tout en posant la question : "La psychanalyse appliquée introduit-elle à une lecture plus profonde de leur inspiration créatrice et à une approche du déterminisme de leurs troubles critiques différente de la position neurologique?"

Dilettante et sensuel dans sa jeunesse, Flaubert devient un forçat des lettres quand il découvre la passion de l'écriture. H.R. Lottman étudie l'homme plus que l'oeuvre, avec une impartiale sympathie, et le situe dans son époque

S'enfoncer dans la substance des oeuvres et remonter jusqu'aux expériences sensibles qui en constituent la source, tel est le projet critique de l'auteur pour ces deux écrivains du XIXe siècle.

Flaubert privilégie les représentations de l'histoire dans son oeuvre : Antiquité dans Salammbô, monde moderne dans Bouvard et Pécuchet, histoire sociale dans Madame Bovary. Il témoigne ainsi de la réorganisation du savoir historique au XIXe siècle, mais garde un regard critique.

Qu’il s’agisse du style de Flaubert, des vers de Baudelaire comparés à ceux de Hugo, du coup de pinceau de Jacques-Émile Blanche ou des figures propres à Morand, toutes les exigences esthétiques longuement décrites et mises en application dans La Recherche sont ici concentrées. Des textes écrits à la fin de sa vie, et qui peuvent être considérés comme le testament littéraire de Marcel Proust.

L'auteur propose 1.500 entrées, un index thématique, une chronologie et un large choix de citations. Il constitue ainsi une somme encyclopédique pour redécouvrir l'oeuvre de G. Flaubert. ©Electre 2016