Les auteurs décrivent la mise en perspective de J'évolution récente de l'institution muséale en trois phases successives. La première couvre grosso modo la période qui va de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 1990 ; elle fait fond sur la volonté de démocratiser le musée. La seconde coïncide avec l'arrivée de l'interactivité et J'autonomisation de l'exposition dans le contexte de la poussée néo-libérale. Cette tendance, qui s'affirme à partir des années 1980, domine aujourd'hui. La troisième est marquée par une affirmation identitaire déjà manifeste dès les années 1990.

Mieux que les 30 glorieuses, les 13 heureuses. C'est ainsi qu'un historien a baptisé les années 1962-1975. Il est vrai qu'elles ont de quoi faire envie vues d'aujourd'hui : progrès scientifiques, croissance économique, plein-emploi... Pour autant, les Français d'hier avaient-ils conscience de leur chance ? Pas si sûr. Car le sentiment du bonheur se conjugue surtout au passé.

"Le pays qui se bat ce soir veut commander demain", écrit Albert Camus le 24 août 1944. Le rédacteur en chef de "Combat" ne croit pas si bien dire. Car les combattants de "l'armée des ombres" n'ont pas attendu la victoire pour rebâtir le pays. Dès mars 1944, un fascicule au nom évocateur, "Les Jours heureux", "manant du Conseil national de la Résistance, définit les fondations de la France libérée. Ce projet de société, marqué à gauche, porte en germe les avancées sociales de la Libération...