Juppé en tête, les proches du président vivaient dans la terreur de 1998. Ils ont réussi à lui faire partager ce sentiment nouveau pour lui. Et à le persuader que la dissolution était la seule issue. Histoire d'un bourrage de crâne.

C'est un diesel, mais il avance ! Et pas seulement dans les sondages. Pour le patron des socialistes, la perspectives d'une cohabitation après les législatives de 1998 n'est plus une simple hypothèse de travail mais, désormais, le moteur de son action...

Les élections de mars 1998 se joueront plusieurs mois à l'avance. A l'entrée de la ligne droite de 1997, pour la première fois, les Français qui souhaitent réellement une victoire de la gauche sont de beaucoup les plus nombreux.

Renvoyer à la figure des Français les contradictions de leur société, c'est la méthode de gouvernement inauguré par Chirac. Est-elle digne d'un chef d'Etat ?

Chirac doit-il garder Juppé ? C'est évidemment la première question que "le Nouvel Observateur", avec l'Institut CSA, a posée au pays. Une question qui s'impose, après dix-neuf mois de cafouillage gouvernemental et une dernière semaine à marquer d'une pierre noire...

Son vrai but étant l'Elysée, le président de l'Assemblée feint de ne pas s'intéresser à Matignon. Mais dans le secret de son bureau, dit un de ses amis, "il dresse déjà la liste de son gouvernement".

Inactif, Chirac ? Certes non ! Il est sur tous les fronts : la francophonie, la Bosnie, l'Europe, le nucléaire... Tous sauf le front économique et social. Voici pourquoi le président joue les Arlésiennes.

Plus encore que la perspective d'une éventuelle cohabitation en 1998, c'est le redémarrage du PS et sa propre position à la tête de la gauche qui donnent des ailes au chef de l'opposition.

Direct, pragmatique, aimant les coups d'éclat et les bains de foule : un an après son accession à l'Elysée, cette image de président "volontariste" continue de lui coller à la peau...

Quand Chirac parle, se montre, s'agite, discourt ou tempête, l'opinion suit. Quand son gouvernement agit, elle se détourne. Il en sera ainsi tant que sa grande promesse - réduire la fracture sociale - n'aura pas été tenue.

Englué dans les "affaires", affaibli par la situation économique et sociale, le pouvoir tente de reprendre la main. Et après l'échec de l'intervention télévisée de son Premier ministre, le président est contraint de prendre une initiative spectaculaire.