Avec "Birdman", Alejandro G. Inarritu rompt avec ses mélodrames mosaïques pour livrer une quasi-comédie en plans-séquences. Ce nouveau style, qui lui va comme une seconde peau, lui a même valu neuf nominations aux Oscars. Rencontre.

Pour son quatrième long métrage, Alejandro Gonzalez Inarritu, qui est devenu un cinéaste migrant (le Mexique, puis les Etats-Unis, le Maroc, le Japon... l'Espagne aujourd'hui), change de registre et, après les récits à couches multiples et éclatées, se recentre sur la linéarité et un personnage principal.

Tourné à New York, dans les loges et sur la scène d'un théâtre de Broadway, "Birdman" renoue avec les récits à personnages multiples qui avaient fait connaître Alejandro Gonzalez lnarritu (Amours chiennes", 21 Grammes", "Babel"). Mois aux récits polyphoniques et fragmentés de ces trois films répond une audace formelle d'un type nouveau pour le cinéaste mexicain : à l'exception de quelques images de prologue et d'un bref épilogue, l'ensemble du film prend l'apparence d'un plan unique.

Après les intérieurs contemporains d'un théâtre de Broadway, Alejandro Gonzalez Inarritu opère un virage spatio-temporel radical : il nous emmène dans le nord des Etats-Unis au début du 19e siècle, sur les traces d'un trappeur devenu légendaire pour avoir survécu à une attaque de grizzly. Western d'aventure épique et grandiose, "The Revenant" convoque plusieurs thèmes chers au cinéaste mexicain : la soif de justice, le péché et la rédemption, la manipulation, l'exploitation des hommes par d'autres hommes, le choc des cultures...

Au XIXe siècle, un trappeur chercher à se venger des compagnons de route qui l'ont laissé pour mort... D'une histoire légendaire que les boy-scouts américains se racontent le soir au coin du feu, Alejandro Gonzalez Inarritu a tiré un film somme, compilant tout ce qui travaille le cinéma (et le monde) contemporain. Ou comment réconcilier le lyrisme et la brutalité, le ciel et la boue, le grand cinéma russe et le grand cinéma US, l'expérimental et le mainstream, DiCaprio et les Oscars.

Grand favori des Oscars, "The Revenant", avec Leonardo DiCaprio, raconte le retour à la vie d'un trappeur laissé pour mort. Un film d'une violence radicale dont le cinéaste de "21 Grammes" et de "Birdman" raconte ici la genèse.

Dans ″Biutiful″, du réalisateur mexicain de ″21 Grammes″, un homme brisé tente de soulager toute la souffrance du monde. Magnifique.

A l'occasion de la sortie de ″Biutiful″, Alejandro Gonzalez Inarritu a accepté d'explorer son cinéma pour nous. Entre interrogations sur un monde en mouvement et acceptation de ses propres obsessions, voilà les secrets de fabrication d'un cinéaste à la recherche d'une humanité qui se perd.