Jospin laisse une place vide. La première. Alors, entre Hollande le légitime, patron du parti, et Fabius, le dernier éléphant qui vise déjà la prochaine présidentielle, tout ne sera sans doute pas aussi rose que leurs protestations d'amitié d'après-défaite pourraient le laisser penser.

Peut-on être plus différents ? Condamnés à naviguer ensemble, le patron du PS et le plus gradé des éléphants ont pourtant conclu une alliance secrète.

Pour le patron du PS - seul leader de la gauche à ne pas avoir été emporté par le séisme du 21 avril 2002 - la route du congrès n'est pas un long fleuve tranquille. Et le sauf-conduit des éléphants pourrait se révéler insuffisant pour triompher à Dijon.

"On risque un 21 avril au sein du parti !", dit l'un des principaux soutiens du premier secretaire, Jean-Marc Ayrault. Le désastre de Jospin n'en finit pas de hanter les socialistes.

Le premier secrétaire le sait désormais : il restera majoritaire à Dijon. Mais avec qui gouvernera-t-il les socialistes ?

La guerre de Dijon n'aura pas lieu. Le succès aussi large qu'inattendu de la motion Hollande clôt le grand débat que les socialistes souhaitaient depuis le 21 avril.

Entre le PS et la CFDT, ce fut longtemps une affaire de famille. Avec des querelles et des réconciliations. Aujourd'hui, on ne se dispute plus, on s'ignore.

Le premier voulait rajeunir un PS fourbu. Le second lui a offert les derniers trésors de sa petite entreprise : SOS-Racisme. Histoire d'une complicité placée depuis vingt ans sous le signe de l'association antiraciste.

Après le triomphe de son parti aux européennes, le premier secrétaire sera-t-il aussi efficace dans la reconquête qu'il l'a été dans l'opposition ? Et comment concilier sa propre ambition présidentielle et celle de ses rivaux. Fabius, DSK... et Jospin ?

Ils se connaissent depuis vingt ans. Ils se sont longtemps croisés sans jamais s'affronter. Aujourd'hui, ils sont face à face dans un combat incertain où se joue leur destin.

Au terme d'une année qui a vu le Parti socialiste gagner successivement trois élections, son premier secrétaire sort renforcé du référendum interne sur la Constitution européenne. Indéboulonnable à la tête de l'appareil, il fait désormais partie, et en bonne place, du club des présidentiables.

Face au camp du non qui s'organise à gauche, Hollande met en place sa stratégie : faire simple, faire gauche, faire vite...