L e rendez-vous a été fixé dans une clinique du XIXe arrondissement. Pierre Guyotat m'attend dans le hall d'entrée. Il sourit. Il est en chaise roulante. Rien de grave. Il doit se faire opérer du genou dans quelques jours. En attendant, il subit des examens de contrôle, fait de la kiné.

Dans "Idiotie", à ranger du côté de ses textes dits autobiographiques, Pierre Guyotat revient sur son entrée dans l'âge adulte marquée par sa rébellion contre son père et l'armée.

L'idiotie, comme la folie, est un défi porté à la représentation. Mais si l'idiotie a aujourd'hui disparu du vocabulaire médical, elle continue à inspirer des écrivains comme Faulkner, Coetzee, Kenzaburô Oe ou Doris Lessing.

Le culte de l'intelligence objective et de la pensée dite"complexe" nous éloigne chaque jour des évidences sociales, des urgences politiques, des chemins divergents et parfois très discrets ou marginaux de l'art. Nous avons voulu explorer, à partir de l'essai récent de Pierre J. Truchot, les hypothèses ouvertes par ces "idiots" lumineux qui brusquent, résistent, ou demeurent dans une indifférence radicale aux normes stratifiées et sédimentées des groupes policés.

A 78 ans, l'écrivain scandaleux de "Tombeau pour cinq cent mille soldats" publie "Idiotie", un récit testamentaire où il raconte sa Guerre d'Algérie.