Longtemps oubliée et délaissée par le pouvoir, l'Inde d'en bas se réveille et passe sous le feu des projecteurs. Dynamique sur le plan économique et culturel, elle est en train de changer la donne politique. Sa participation massive aux élections législatives d'avril-mai 2009 amène les partis et les investisseurs à s'intéresser davantage à son sort. Chacun sait désormais que l'avenir du pays est indissociable de cette population en marche

Encouragée par le FMI et la Banque mondiale, l'Inde a importé le modèle financier anglo-saxon. Au plus mauvais moment

Des critiques qui en soi ne sont pas une mauvaise chose.

La comparaison entre les deux géants asiatiques que sont l'Inde et la Chine est ancienne. Alors que, dans les années 1980, ces pays avaient un niveau de produit intérieur brut (PIB) par habitant équivalent, l'écart des taux de croissance entre les deux nations a été tel depuis - que ce niveau se situe désormais dans un rapport de 1 à 4 en faveur de l'Empire du Milieu. Même si la Chine affichait un taux de croissance de 5%, il faudrait plus de trois décennies à l'Inde pour rattraper le PIB chinois.

Au cours de la dernière décennie, le régime de croissance indien a été en mesure d'atteindre des taux parmi les plus élevés au monde, tout en conservant une relative stabilité. Les facteurs qui ont permis d'atteindre des taux de croissance élevés sont-ils pérennes ? La situation des finances publiques constitue à n'en pas douter - avec l'enjeu démographique et les questions portant sur l'investissement, les infrastructures et les réformes économiques - l'un des principaux facteurs de vulnérabilité.

En Inde, au troisième trimestre 2012, le produit intérieur brut (PIB) a crû de 5,3%, soit la plus faible performance depuis dix ans. Sur l'ensemble de 2012-2013, les économistes estiment que la croissance ne pourra pas dépasser les 6%, certains la voient même s'inscrire entre 5,4 et 5,8%. Les performances de l'économie indienne sont, avec de tels taux, très inférieures aux 9,5% que connaissait le pays au milieu des années 2000.

Infosys est à l'Inde ce que, toutes proportions gardées, Apple est aux Etats-Unis, une entreprise pionnière de ce secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) qui a fait au cours des dernières décennies la fierté du pays. Aujourd'hui, à l'image de l'Inde, la firme de Bangalore qui emploie 150 000 salariés et forme des bataillons d'ingénieurs, est à un tournant. Les résultats commerciaux des derniers trimestres ont été décevants. L'entreprise est en quête d'un nouveau modèle économique qui la rapprocherait de celui des sociétés informatiques comme Microsoft.

Dans deux des pays du monde qui affichent les plus fortes progressions du PIB, des économistes s'interrogent sur les bienfaits de ce boom pour la population.