Le Groupe μ repense ici la rhétorique selon les concepts de la modernité, pour lui redonner la place qu'elle mérite dans notre culture. S'appuyant sur les acquis de Saussure, Hjelmslev, Benveniste ou Jackobson en linguistique, aussi bien que sur ceux des nouveaux théoriciens de la littérature, les auteurs décrivent les éléments fondamentaux dont toute figure de langage est composé ; ils relient ainsi la rhétorique à la linguistique, la sémiotique et la poétique, lui rendant une importance et une validité qu'elle n'avait plus depuis la Renaissance. Cette édition d'un ouvrage désormais classique comprend un article supplémentaire où les auteurs font le point sur ce domaine, sept ans après la publication originale.

Roman Jakobson reste l’un des plus grands linguistes de ce siècle, et l’un de ses savants les plus prestigieux. Entre 1962 et 1982, il a réuni l’ensemble de ses publications en sept gros volumes, un par domaine étudié ; et il a écrit sept conclusions, à la fois bilan d’une vie et testament pour le futur. Ces domaines sont les suivants : linguistique générale, phonologie, histoire des langues et des littératures, étude du folklore, métrique, poésie de la grammaire et grammaire de la poésie et une conclusion générale intitulée “ Mes thèmes favoris ”. L’ensemble de ces conclusions forme le présent livre qui permet d’embrasser d’un seul regard les recherches linguistiques du XXe siècle et en même temps dessine un autoportrait émouvant. Par son œuvre Jakobson contribue à transcender, non seulement la séparation entre différentes disciplines scientifiques (linguistique, philologie, poétique, psychologie, biologie ...), mais aussi celle entre science et art. Non qu’il pratique une écriture “ artiste ”. Mais il incarne de façon si exemplaire le personnage du créateur, que la distinction entre types de création perd de son intérêt. Ce n’est pas un hasard si ses premiers amis et maîtres sont des poètes et des peintres, et si, lorsqu’on lui demande qui l’a le plus influencé, il répond : Stravinski, Picasso, Joyce... Par son existence même, Jakobson prouve qu’il n’y a pas de frontière étanche entre art et science.

Analyse du Cours de linguistique générale de F. de Saussure (1857-1913) et de ses réflexions sur la langue et le langage.

Roman Jakobson est un des maîtres de la linguistique structurale. Né en Russie, membre, dès 1915, de l’école des Formalistes russes, il enseigna entre les deux guerres en Tchécoslovaquie et fut, avec Troubetzkoy, un des chefs de file du fameux Cercle linguistique de Prague. Il enseignait depuis la guerre aux États-Unis, où il est mort en 1982. Dans un grand nombre de publications, en diverses langues, Jakobson a donné une impulsion décisive à l’étude des différents domaines de la linguistique – théorie générale, phonologie, morphologie, sémantique, poétique, métrique. Il a contribué à fonder la phonologie historique, l’étude des aires, la typologie des langues ; il a développé la notion de structure d’une manière qui rend possible la formalisation progressive de la linguistique, raffiné la théorie des fonctions du langage et élaboré la thèse saussurienne du lien indissoluble du signifiant et du signifié. Plus que tout autre linguiste, il a marqué de son influence les autres sciences de l’homme – ethnologie, mythologie, psychanalyse, études littéraires, théorie de la communication – et contribué à faire de l’anthropologie cette sémiologie générale qu’entrevoyait Saussure.