Six ans d'absence depuis "Gone Girl", une éternité. Six ans au cours desquels David Fincher a multiplié les séries mais pratiquement cessé d'être cinéaste. Toujours pour Netflix, donc hors des salles françaises, "Mank" marque néanmoins son retour au format long. L'occasion d'une réflexion sur son lien ombilical avec le cinéma et sur le rapport éternel entre l'écrit et le filmé. Entretien-fleuve avec un géant. Sommaire. Avant la sortie de "Mank", l'interview définitive. Doctor Scripts. Citizen Fincher.

C’est l’événement cinématographique de cet hiver. Avec "Mank", David Fincher signe un portrait de Herman J. Mankiewicz, scénariste de "Citizen Kane", d’Orson Welles. Une oeuvre très personnelle, le scénario ayant été écrit il y a trente ans par son père. Et un film en noir et blanc, hommage au Hollywood d’antan, diffusé sur Netflix, dont le réalisateur est l’une des signatures-phares.

Portrait du scénariste Herman J. Mankiewicz, alors qu'il écrit "Citizen Kane". Derrière la reconstitution vintage taillée pour les Oscars, une réflexion sur la façon dont matière grise peut faire trembler les empires. Fincherien à mort.

David Fincher ausculte la genèse de "Citizen Kane" à travers le personnage de son scénariste, Herman Mankiewicz, esprit brillant mais autodestructeur. Une réflexion à la fois ironique et sombre sur l'ambition artistique et un film-somme de son auteur. Produit par Netftix, "Mank" est mis en ligne le 4 décembre 2020.

Le onzième long métrage de David Fincher revient sur la polémique autour du crédit du scénario de "Citizen Kane", partagé entre Orsan Welles et Herman Mankiewicz, frère de Joseph , affaire bien connue. Welles, bénéficiant d'une carte blanche de la RKO, avait choisi "Mank" pour écrire son premier film , avant de tenter de le dissuader d'inscrire son nom au générique.

Sur un scénario écrit par son père, David Fincher raconte le destin de Herman J. Mankiewicz, alcoolique notoire à qui Orson Welles commanda, pour se l'attribuer, le script de "Citizen Kane". Il s'explique.

Tandis que Donald Trump s'accrochait de toute sa mauvaise foi aux rideaux de la Maison-Blanche, tandis qu'une Amérique déchirée s'affrontait, la production audiovisuelle s'imprégnait de l'émotion ambiante. Films, séries, miniséries, frontalement ou par allusion, mettent en scène le double visage de l'Amérique. Une tradition thématique qui remonte à l'époque classique (John Ford et le méconnu "La Dernière Fanfare") et que "Les Sept de Chicago" d'Aaron Serkin prolonge. Trump a-t-il perçu la dimension critique de "Citizen Kane" d'Orson Welles, en lequel il voyait son film préféré? Hasard?