Lors des 11es Rendez-vous de l'histoire à Blois, le collectif Liberté pour l'Histoire dans l'Union européenne lancera un appel pour défendre la liberté des historiens

Esclavage, colonisation, guerres d'indépendance..., depuis une décennie, c'est une véritable guerre des mémoires qui a surgi autour de ces questions. Spécialiste de la guerre d'Algérie, l'historien Benjamin Stora explique les raisons et les conséquences de ce qu'il nomme un trop-plein de mémoires

Au début de l'année, a paru le deuxième numéro de "Mémoires en jeu", revue consacrée aux mémoires dans le monde contemporain. Le surgissement de cette revue sérieuse et attrayante, qui ne cède ni à l'ascèse en vigueur dans le monde universitaire ni à la retape des magazines d'actualité, appelle à questionner ses rédacteurs. Entretien avec Luba Jurgenson et Philippe Mesnard.

Plus de 4000 bénévoles veillent à la sérénité de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, dans le Pas-de-Calais. Cette garde d'honneur, présence bienveillante parmi les ombres de la Grande Guerre, renseigne les visiteurs et fait vivre la mémoire des 43 000 "poilus", proches ou inconnus, qui reposent ici.

Ils partirent un jour d'août, la fleur au fusil, dans leurs pantalons rouge garance, embrassant leurs belles, leurs mères et leurs enfants, persuadés d'être bientôt de retour car cela ne durerait pas. Puis il y eut l'impensable non-sens de la mort de masse, pendant cinq longues années de carnage. Du chaos des tranchées, de l'enchevêtrement des corps amis, ennemis, mutilés, anéantis, livrés à la vermine, de ces villes et campagnes dévastées sous les bombes, de ce patrimoine souvent réduit en gravats, de ces âmes tourmentées, que reste-t-il ?

Comment faire l'histoire de la France ? Certains hommes politiques et historiens se déchirent sur cette question. Dans l'ouvrage collectif qu'il vient de diriger, Patrick Boucheron plaide pour la réconciliation. Et appelle à prolonger l'ouvrage posthume de Fernand Braudel, "L'Identité de la France".