La musique du Danois Carl Nielsen (1865-1931) illustre, en dépit d une certaine résistance, une parfaite intégration du classico-romantisme scandinavo-germanique mais également une ouverture originale sur son temps et sur la modernité contemporaine du premier conflit mondial. Cette dualité marquée rend compte de la puissante diversité créatrice d un maître situé à la croisée de profondes et rapides évolutions politiques et esthétiques qu il concrétise dans les registres orchestraux (six symphonies singulières et novatrices, trois concertos originaux pour violon, flûte et clarinette, des poèmes symphoniques individuels), des pièces pour piano déclinant aussi bien l art de la miniature que l élaboration de partitions hautement ambitieuses dans lesquelles il vise parfois à l universel. Sa proximité avec l art vocal, directement perçu par ses compatriotes comme proches de l âme danoise, rend compte de la grande popularité de ses chansons pour voix et piano, de ses cantates enthousiasmantes et ses deux opéras populaires, Saül et David et surtout Maskarade. En dépit d une certaine résistance sa création lui apporta la reconnaissance et le respect de ses contemporains. Le catalogue de Carl Nielsen ressemble à une inépuisable mine de pépites, qu il nous reste encore souvent à explorer.