Postulat : la question de la "pensée du cinéma" n'est pas celle de la représentation filmique d'une pensée philosophique.

Le dernier livre de François-David Sebbah, qui paraît dans la collection dirigée par Jean-Michel Salanskis et Albert Piette, n'est pas un livre destiné à rassurer ou à apaiser. Composé de trois chapitres, "L'Éthique du survivant" s'oppose à toute interprétation trop bienveillante de la pensée lévinassienne pour la mener vers ce que l'auteur nomme une "éthique impitoyable".

Le livre expose clairement la réorientation philosophique de Heidegger dans les années 1930 dans ses aspects spéculatifs et politiques. Le dépassement de la métaphysique a aussi une portée métapolitique, constamment réfléchie par Heidegger bien que longtemps minorée par la critique. Le surinvestissement de l'oeuvre de HŁolderlin apparaît comme la tentative d'ancrer un recommencement de la philosophie sur d'autres bases que l'envoi grec, failli en métaphysique et en technique.

Que demande-t-on à la philosophie aujourd'hui, et comment peut-elle satisfaire cette demande ? Pour ne pas tomber dans le commentaire perpétuel, pour ne pas se laisser prendre au piège du supplément d'âme, il faut que la philosophie réinvestisse son histoire, et les grands récits qui lui permettent de sortir de l'immédiat comme de la parole d'autorité.