Voici l'exemple d'un poète qui ne craint pas de pratiquer la forme vers. N'est-ce pas, demande-t-on incrédule, depuis toujours la fonction du poète ? Dans la langue française contemporaine, non, plus vraiment. Dans le régime d'écriture parlée généralisée où nous vivons, maintenir la ligne-vers apparaît anachronique. Un peu comme, dans un environnement sismique, tel pilier soutiendrait miraculeusement la structure d'une maison. Dans le cas du prosodiste Réda, il convient cependant de nuancer. La rigidité de la pratique s'accompagne, chez lui, d'une souplesse inventive et évolutive.

Quand un poète rend hommage à la musique qu'il aime, c'est "Une civilisation du ryhtme" de Jacques Réda.

Jacques Réda aime les métaphores et le titre de ce recueil en est une des plus attachantes. Elle désigne à la fois ses correspondances et ses intermittences intérieures, nouées et dénouées au cours de ses rêveries de promeneur solitaire.

Vingt textes courts, au titre apparemment anodin, ou qui pourrait être d'un autre temps, celui des derniers écrits vagabonds de Léon-Paul Fargue ("Méandres", "Portraits de famille") ces petits chefs-d'oeuvre qu'on ne relit pas sans émotion, en se disant tour à tour : "cela est peint", et où trouver ailleurs une telle délicatesse de touche ?

Sous leurs airs de ne pas y toucher, le Parisien Réda et le Bourguignon Lacarrière sont d'intraitables ethnologues de la modernité.

Avec ses Démêlés (Poèmes 2003-2007), Jacques Réda offre le quatrième volume d'une série de recueils, entamée en 1995 avec L'incorrigible (Poésies itinérantes et familières 1988-1992), reconduite quatre ans plus tard avec La Course (Nouvelles poésies itinérantes et familières 1993-1998) puis, en 2004, avec L'Adoption du système métrique (Poèmes 1999-2003).

Jacques Réda célèbre "la Liberté des rues" et Jean-Paul Goujon consacre une biographie à Léon-Paul Fargue. Deux merveilleux flâneurs de la capitale.

Ses ancêtres fabriquaient des bicyclettes. Il ne jure que par le vélo Solex. Ce voyageur-poète écrit comme on prend un solo de saxophone. Avec une fraîcheur d'eau vive et une forme de bonheur-soleil.

Après plus de 40 livres, l'auteur d'"Amen-Récitatif-La Tourne", de "Hors les murs", de l'"Improviste"..., et d'"Aller aux mirabelles"..., l'ancien directeur de la NRF a autre chose à faire qu'à s'occuper de sa place dans le monde littéraire.