Ce silence le glace. Lorsque au printemps, des scientifiques annoncent l'effondrement des populations d'oiseaux en France, l'écrivain Jean Rolin est anéanti. Il est un ornithologue né. Son dernier ouvrage "Le Traquet kurde", paru en janvier 2018, a justement pour trame la traque d'un oiseau rare, au Proche-Orient. Un moyen de méditer sur les destins liés des hommes et de leurs compagnons du ciel.

L'écrivain explore une île perdue du Pacifique, théâtre oublié d'une terrible bataille en 1944.

Il n'aime pas trop qu'on lui parle de ses années de militantisme, du côté de l'extrême gauche. Il préfère se souvenir de sa grand-mère qui lui a appris à lire et à écrire. Et des ports de son enfance. Il vient de leur conscrer un livre : "Terminal Frigo".

Une durite qui explose et c'est un livre qui démarre, celui de Jean Rolin, parti de Paris pour Kinshasa, à bord d'une vénérable Audi. Si la mécanique de la voiture laisse à désirer, l'écriture tourne à merveille.

Mille pages à dévorer comme un mille-feuille : Jean Rolin nous régale avec un recueil de deux cent vingt-deux articles issus de vingt-cing années de bourlingue à travers le monde.

Il est rare que Jean Rolin fasse part au lecteur de ses émois et vapeurs, sinon lorsque descendant le fleuve Congo, il est frappé, comme tous les voyageurs, par la moiteur de l'atmosphère.

Pour qui ne le saurait pas, la durite est selon le Robert : "le tuyau en caoutchouc traité pour les raccords de canalisations des moteurs à explosion". L'explosion de la conduite en question se produit sur une route congolaise, et c'est parmi de nombreux autres événements, l'un de ceux que Jean Rolin en conteur et amateur de digressions.

Dans "l'Homme qui a vu l'ours", l'écrivain-journaliste rassemble vingt-cinq ans d'enquêtes. Des ravages commis par les écureuils à Antibes au marxisme-léninisme chez les pêcheurs à la ligne polonais, c'est un régal.

Le port de Saint-Nazaire est un peu à Jean Rolin ce que la gare de Perpignan représente pour Dali.

Au contraire du proserbe Peter Handke, Jean Rolin n'est pas allé en Bosnie par conviction idéologique, mais pour y tenir ses carnets d'écrivain désenchanté.