"Pour décor l'entre deux-guerres : Paris, Berlin, Moscou; Caillaux, Tchitchérine, Litvinov, et l'ombre portée de Staline. Protagoniste : la narratrice, deutéragonistes ex-aequo : Raymond, professeur d'histoire en Sorbonne; Isaac, un diplomate soviétique et juif. Entre ces deux fidélités, entre cette " double piété" que diverses infidélités réciproques ne sauront jamais détruire, les trois héros cheminent vers un finale shakespearien en vérité : tout meurt, ou se suicide autour de Raymond, qui n'épouse Marthe que pour s'égarer puis se perdre dans la folie, cependant que la démence de Staline, déjà perceptible aux esprits lucides, assassinera Isaac (coupable notamment d'avoir aimé la narratrice). Ne serait-ce que pour la part qu'elle prit charnellement, voluptueusement, à l'histoire russe, Marthe Lebas nous intéresse. Au moment où la presse parisienne accuse Isaac d'avoir trempé lui-même dans l'affaire Koutiépov... Si je ne me trompe pas, l'auteur a dans les soixante-cinq ans. Dût-elle ne jamais écrire d'autre livre, je l'assure que, s'il y a une histoire future de la littérature française, son 'Mariage de Moscou' y a déjà sa place. in : Etiemble, René : Hygiène des lettres, vol. 5, Paris, Gallimard, 1952. p. 396-400

Poète et romancier, Jean de Boschère est né à Uccle... Celui qu'on appelait tout à tour "Boschère l'obscur" ou "Boschère l'enragé" a vécu une enfance retranchée du monde, dans une famille de sept enfants, dont l'aînée, Marie, au visage mal formé, allait mourir d'anorexie à dix-huit ans. Jean de Boschère en est fronfondément marqué....

Un texte autobiographique écrit en réponse aux critiques, où George Bernard Shaw se présente avec humour : "Irlandais, prince du paradoxe et de la controverse, brillant orateur de gauche et industriel de l'anecdote, homme à femmes qui aimait danser seul, assez snob pour refuser d'appartenir à un club qui l'acceptait pour membre, tout cela et bien plus..

Un recueil de souvenirs qui nous plonge au coeur du Paris littéraire et artistique d'avant la Grande guerre.

Apprivoiser la mort, agir authentiquement, rompre le cercle du moi, tels sont les thèmes majeurs de Fourbis. Paris et ses environs, divers points du sud de la France, l'Afrique, les Antilles, tels sont les lieux où s'agite le meneur de ce jeu. Par échappées, on le voit à son retour des îles s'émouvoir du malaise de notre civilisation occidentale, puis s'unir à ceux qui s'efforcent d'instaurer un ordre plus équitable, mais en définitive n'en pas rabattre d'une exigence à laquelle ne pourrait satisfaire un pragmatisme ennemi de tout abandon à la gratuité de ce qui est pure séduction.

Avec Frêle bruit, Michel Leiris clôt La Règle du jeu. Dans ce dernier tome, construit presque musicalement, se mêlent à des souvenirs proches ou lointains et à des idées soit anciennes, soit venues chemin faisant, des tentatives plus ou moins expresses d'arriver à des moments de transparence. Aspiration au merveilleux, volonté d'engagement social, désir d'universalisme, telles sont les couleurs qui semblent dominer dans le jeu de l'écrivain.

Né discrètement en Hollande où sa mère va cacher un accouchement hors mariage, Thomas Bernhard est bientôt recueilli par ses grands-parents qui vivent à Vienne. La crise économique des années trente les force à s'établir dans un village aux environs de Salzbourg où l'enfant découvre avec ravissement la vie campagnarde. Le grand-père, vieil anarchiste, doit aller s'installer à Traunstein, en Bavière. Le jeune Thomas se familiarise avec le monde de la petite ville, commence à s'émanciper, fait l'école buissonnière et ses premières escapades à vélo. Il découvre aussi le national-socialisme et la guerre aérienne. " Le monde enchanté de l'enfance " n'est pas celui pourtant du petit Thomas. Persécuté par ses maîtres, souffrant du complexe de l'immigré et du pauvre, il a plusieurs fois la tentation du suicide, tentation qui plus tard hantera aussi l'adolescent et le jeune homme.

Un enfant juif rencontre la haine le jour de ses dix ans.