Outre le respect et la sympathie qu'inspire un ouvrage ressenti par son auteur comme une exigence de conscience et mené par lui à son terme en dépit de sa quasi-cécité, il impose la réflexion. Couronné du prix Philippe Viannay-Défense de la France, je m'étonne de la véhémence avec laquelle il a pu être critiqué. Un sous-titre moins « troublant », une structure un peu différente de l'ouvrage et quelques nuances d'expression auraient dû suffire à désamorcer la contestation.

Dans les débats historiques contemporains, on passe parfois plus de temps à parler d'ouvrages qui font problème que de travaux majeurs. Le sujet, les intentions, leur impact moral et politique attirent plus l'attention que la validité du propos. Pour peu qu'ils s'inscrivent dans l'air du temps, il est alors nécessaire d'en pointer les limites, quitte à les promouvoir. De ce point de vue, l'ouvrage de Jacques Semelin est presque un cas d'école.

Il a mené des travaux pionniers sur la résistance civile. Mais, devenu presque aveugle, Jacques Sémelin conduit aussi à sa manière une résistance silencieuse. C'est ce combat qu'il raconte dans son prochain livre, à paraître le 13 septembre 2007.

Quel est le processus qui mène un peuple à en massacrer un autre ? Jacques Sémelin dresse une succession d'étapes, qui partent de l'utilisation politique de l'imaginaire national au "passage à l'acte" collectif.

Une fois le nazisme abattu, l'Occident se lança dans une guerre des ondes totale contre le stalinisme. Avec des méthodes parfois ambiguës.

"Par violence "extrème", s'agit-il de nommer sous un même vocable des phénomènes aussi différents que les actes de "terrorisme", les pratiques de torture et de viols, les formes diverses de nettoyage ethnique, les cas de génocides et autres massacres de masse ? " Depuis la parution, à partir de 2000, des articles fondateurs de Jacques Sémelin où il s'interrogeait sur les violences et les massacres du XXe siècle, on attendait son livre de synthèse.