C'était le temps où les photos de famille étaient encore prises au sérieux - Monsieur, cravate serré, posant aux côtés de Madame, une nichée d'enfants sages et toutou à leurs pieds. C'était aussi celui d'une révolution qui commençait à peine, celle de l'égalité des sexes, dont ″L'Express″ rendait compte sous la plume de François Giroud. Soixante ans plus tard, la famille a connu une métamorphose dont la société française n'a pas fini de mesurer les effets.

C'est notre plus cher paradoxe. La banalisation du divorce et l'affirmation du droit au plaisir ont bouleversé la vie conjugale. Mais une chose n'a pas changé : notre attachement à la vie de couple. Les célibataires cherchent l'âme soeur sur Meetic, les homosexuels réclament le droit au mariage, alors que la polygamie tend à disparaître. Y aurait-il donc une raison à cette consécration du chiffre deux ?

Parent biologique, adoptif, beau-parent : tous ces personnages participent de près ou de loin au lien de filiation. Entretien avec une sociologue impliquée dans la vie sociale, qui poursuit sa réflexion sur la parentalité en s'attachant au sens des actions humaines.

A la veille de la révision des lois bioéthiques, la sociologue Irène Théry, auteur de ″Des humains comme les autres″, s'insurge contre ces sexagénaires qui refusent de lever le secret des origines, au mépris des aspirations des trentenaires.

Alors que la procréation assistée est devenue une pratique médicale reconnue, de plus en plus de jeunes adultes veulent connaître leurs parents géniteurs et réclament la levée du secret des origines. Faut-il maintenir la règle de l'anonymat des donneurs ?