La Sécession viennoise, mouvement artistique apparu en 1897, représente une initiative de renouveau culturel visant à renforcer l'unité nationale. L'émergence et le développement de ce regroupement d'artistes sont intimement liés aux conditions historiques et sociopolitiques d'un Empire austro-hongrois affaibli par les tiraillements nationaux et sociaux. ©Electre 2019

Au tournant du XIXe siècle, Vienne, capitale du vaste empire austro-hongrois, devient l'épicentre d'une pensée avant-gardiste qui s'exprime contre le conservatisme ambiant, symbolisé par les façades néo-classiques de la Ringstrasse. Musique, littérature, philosophie, arts plastiques ouvrent de nouvelles voies à la perception. Les cafés de la vieille ville s'animent de l'effervescence de cette émulation créatrice. C'est l'époque de Sigmund Freud et de Ludwig Wittgenstein, de Gustav Mahler et d'Arnold Schönberg, de la Sécession (1897-1905) - courant conduit par les artistes Gustav Klimt, Joseph Hoffmann et Koloman Moser qui ambitionnent de rassembler les arts en une Gesamtkunstwerk, une oeuvre d'art totale. Dans cet esprit, la Wiener Werksätte, atelier fondé en 1903, réunit architectes, décorateurs, stylistes et artisans pour diffuser auprès du plus grand nombre cette nouvelle esthétique de la modernité. Avec ses quelque mille illustrations et plus de soixante artistes abordés, cette synthèse exceptionnelle menée par trois spécialistes de renom expose l'extrême fécondité de cette période dans tous les champs de la création ; peinture, dessin, arts décoratifs mais aussi architecture, photographie et arts appliqués tels que le graphisme, la verrerie, la joaillerie, la mode ... Un éclairage particulier est donné au rôle de la femme dans toutes ces disciplines.

Creuset de 16 différentes nations réunies par l'empire austro-hongrois finissant, Vienne fin de siècle a tout à la fois incarné et symbolisé le mythe et l'inextricable imbroglio de cet édifice orgueilleux sur le déclin en 1900. Le paradoxe a voulu que cette ville, synonyme d'apocalypse, à la veille d'être effacée comme capitale impériale par la première guerre mondiale, ait dans le vertige de sa chute su définir quelques-uns de axes de la modernité qui ont conditionné tout le XXe siècle. Tel un chant du cygne, l'extraordinaire épanouissement culturel que connaît Vienne alors concerne aussi bien les arts plastiques (avec la Sécession de Klimt, Schiele, Kokoschka, etc .), l'architecture (avec Otto Wagner, Joseph Hoffmann, Adolf Loos, Joseph Olbrich), la musique (avec Hugo Wolf, Gustav Mahler, Arnold Schoenberg, Alban Berg, Anton Webern), la littérature (avec Hugo Von Hofmansthal, Karl Kraus, Arthur Schnitzler), la naissance de la psychanalyse, avec Freud, Adler, Reich) ou de nouvelles interrogations philosophiques sur le monde des images (avec Fritz Mauthner et Wittgenstein). La présente encyclopédie visuelle restitue ces fortes personnalités à travers leurs ?uvres, et les archives photographiques qui ont été conservées mais aussi, les cercles, les groupes, les revues (comme Ver Sacrum), les cafés littéraires, où ce monde culturel se réunissait, le tout commenté dans le détail par les conservateurs et historiens spécialistes de chacune des disciplines.