La ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, fustige les sites conspirationnistes sur Internet dont les théories pervertissent les jeunes cerveaux mais cela fait maintenant une vingtaine d'années que le conspirationnisme est devenu, peu à peu, un élément constitutif de certaines conceptions de la régulation des affaires du monde. Les discours complotistes n'ont donc rien de nouveau dans l'univers scolaire et se trouvent renforcés par les ressorts de la provocation et de l'affirmation de soi propre à l'adolescence.

De la naissance de l'Organisation de l'Etat islamique aux attentats de Paris, du 11-Septembre à la crise financière de 2008, chaque événement largement médiatisé peut désormais susciter des théories du complot. Ces constructions intellectuelles plongent leurs racines dans la culture populaire et dans l'histoire contemporaine, parsemée d'authentiques machinations. Le conspirationnisme prolifère partout, notamment dans le monde arabe. Il est tentant de voir les adeptes du complotisme comme des individus irrationnels, voire délirants.

Rockin' Squat fait partie de ces rappeurs qui refusent la pensée dominante et dénoncent le système établi en s'appuyant notamment sur les thèses « ésotériques » de grands partisans et théoriciens du complot comme il le dit dans son texte « Illuminazi 666 ». Rockin' Squat est devenu un de ces leaders de la pensée conspirationniste et fait par là-même de cette pensée un phénomène de contre-culture par excellence.

Les théories du complot, en orientant des rumeurs et des allégations dans un même sens, construisent un récit politique qui désigne un ennemi (un groupe, une secte, un pays, un gouvernement...) ; elles dépassent donc le simple niveau de la croyance à une rumeur pour atteindre celui des représentations sociales et des idéologies, d'où le rôle important joué par des leaders et les groupes qui les suivent dans le phénomène du conspirationnisme.

Entre la première apparition d'un ovni dans notre ciel en 1947 et l'idée d'un complot mêlant extraterrestres, gouvernements terrestres et sociétés secrètes, se sont écoulées plusieurs dizaines d'années de lente élaboration. Mais cette évolution n'est qu'une partie de l'ufologie, la science qui a pour objectif d'étudier les ovnis, et il faut bien comprendre que complots et ovnis ne sont pas nécessairement consubstantiels.

Tout un chacun connaît bon nombre de rumeurs, ragots, légendes, histoires, conspirations ou fables. Les occasions ne manqueront pas pour les colporter, les diffuser, les transmettre, les évoquer : une discussion entre amis, un repas de famille, un échange entre collègues, le commentaire d'une émission télévisée, un message sur les réseaux sociaux numériques... Est-ce pour autant que l'on adhère, de manière identique, à chacune de ces « croyances » ? Diffuser et transmettre correspond-il à une caution ou à une adhésion sans réserve ?

Dans l'intention d'élargir et d'approfondir le problème qui nous occupe ici, j'entends mettre l'accent sur le lien communément établi, mais fort peu interrogé, entre pratique de la parole rhétorique (au sens large) et disposition à comploter. Ceci nous conduira alors sur la piste de trois groupes sociaux - les jésuites, les Juifs et les francs-maçons - pour lesquels ce lien est particulièrement bien attesté ; trois groupes que certains se plaisent à regarder comme les héritiers maudits des sophistes de l'Antiquité.

Les théories du complot sont en train de devenir un marronnier pour la presse conventionnelle. Après les meurtres perpétrés par Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, la disparition du vol MH370 de la Malaysia Airlines ou encore le massacre évité dans le Thalys au mois d'août 2015, de nombreux commentateurs ont constaté, étonnés, la vitalité de l'imaginaire conspirationniste. Dès lors, de nombreux faits d'actualité inspirent des articles moqueurs et sidérés sur cette manifestation de l'imaginaire humain pourtant fort ancienne.

Avec la popularité grandissante des théories du complot, une attention croissante a été accordée aux « entrepreneurs en complots », c'est-à-dire ces conspirationnistes qui tirent des ressources pécuniaires de leur activité de dénonciation de l'ordre existant et de leurs révélations sur la/les organisations et êtres maléfiques qui se cachent derrière les apparences.

Compte tenu des structures politiques des démocraties occidentales, les responsables politiques doivent accepter l'existence de rumeurs, d'affirmations douteuses, d'informations erronées, voire de purs mensonges. Les candidats sont obligés de se confronter à ces rumeurs pour faire preuve d'autorité... Dans le cas des rumeurs sur Obama, les formes spécifiques qu'elle revêt sont étroitement liées à un ensemble de croyances problématiques sur le plan racial ; elles peuvent paraître indubitables du point de vue privilégié des Blancs, mais leur nature raciale les rend profondément incertaines.

Les théories du complot sont tantôt objet de fascination, tantôt objet de réfutation. Pour ne pas s'enliser dans ces sables mouvants, les chercheurs doivent construire un cadre scientifique solide. Ils doivent s'appuyer sur les caractéristiques invariantes du conspirationnisme comme mythe politique.

Les réactions aux attentats de Paris en 2015 conduisent à interroger de manière critique l'usage de l'idée de complot sur le marché de l'information, que ce soit par Internet ou dans les médias. Le présent article propose de rendre compte des usages médiatiques et institutionnels de ce terme lors de cet épisode de « panique antithéories du complot » qui a suivi les attentats de Paris. Cet examen permettra de questionner la notion même de « théorie du complot », tant à un niveau définitionnel que dans une perspective heuristique.