Euro. La Grèce échappera difficilement à une restructuration. Quelles conséquences pour la France ?

Lâcher la Grèce pour sauver l'euro. L'idée fait son chemin. Attention aux dégâts.

La Grèce est en crise. Endetté, le pays ne fait plus face à ses dépenses et ne peut plus emprunter. Les pays de la zone euro ont accepté de lui venir en aide.

Le 20 août 2018, la Grèce mettre fin à 8 années d'assistance financière, couplée à un plan d'austérité draconien. Elle dispose d'atouts pour retrouver son indépendance financière : un budget redevenu excédentaire, l'accès aux marchés financiers est facilité par la décrue des taux d'intérêt, etc. Mais la question de la soutenabilité de la dette reste entière. Elle s'élève à 320 milliards d'euros, soit 179% du PIB. Des détails. Données chiffrées.

Face à la crise de la dette, Athènes et l'Europe balancent entre deux options, la coopération ou la défection. Cette alternative est aussi au coeur de la théorie des jeux, spécialité de Yanis Varoufakis, ministre grec des Finances. Il a accepté de converser avec le philosophe Jon Elster, qu'il lit et admire depuis longtemps. Au-delà de la raison économique, ils mesurent ensemble le poids des émotions et de l'Histoire.

L'Europe bricole des solutions à la crise de la dette grecque comme si elle était sans précédent. Et l'on commet les mêmes erreurs qu'avec les pays pauvres : transfert du risque de défaut du privé au public, retard des plans d'allégement. In fine, la facture s'alourdit. Plaidoyer pour un mécanisme de mise en faillite des Etats.

Premier coup de semonce pour le gouvernement : dès la fin février, un large mouvement de grève, essentiellement dans le secteur public, a paralysé Athènes. Les Grecs réclament surtout que les mesures prises soient équitablement réparties.

Les investisseurs étrangers, au tout premier rang desquels les banques françaises et allemandes, détiennent 70% de la dette grecque. Une situation qui place la politique du pays sous tutelle des institutions financières, et qui pourrait s'étendre à l'Espagne, à l'Italie ou au Portugal. Il existe pourtant un moyen d'assurer la souveraineté de la délibération politique : renationaliser la dette.

Le verdict fait l'unanimité des gouvernements européens : pour endiguer les assauts de la finance, rigueur budgétaire et baisse des salaires seront nécessaires. Une solution idéale pour engager l'économie sur la voie de la déflation et accentuer la casse sociale. Et si on imaginait tout autre chose...

Présentation, en juillet 2015, de 2 solutions alternatives à la sortie de la crise de la dette publique grecque. A la solution des créanciers de voir adopter un train de réformes à l'opposé du programme électoral du gouvernement grec, se dresse la solution prônée par Costas Lapavistas, économiste, député de Syriza, parti grec au pouvoir : sortir la Grèce de l'euro pour accélérer la désagrégation d'une union monétaire mal conçue pour mieux la reconstruire. Un projet viable aux coûts élevés mais temporaires.