Un roman plus serré qu'à l'accoutumée, qui montre et moque le conspirationnisme, et démasque toutes ces forces invisibles qui façonnèrent la politique italienne.

Trois noms : Umberto Eco, Christian Boltanski, Jacques Roubaud. Un lieu : Le Louvre. Un même vertige : l'idée de la liste... Entretien.

Dans le livre inépuisable et allègre d'Umberto Eco, l'imagination des écrivains et des peintres multiplie les listes des mots, des choses et des lieux. Leur divagation agile et libre déploie l'ivresse des accumulations, les cohues, les débordements divers et contrôlés. Elle choisit souvent le triomphe du Nombre. Et elle aime aussi les et caetera.

Au premier regard, le dernier recueil d'essais d'Umberto Eco produit un effet de déjà vu, ou plutôt de déjà lu. En 469 pages, il rassemble les courts textes des "Bustine di Minerva", c'est-à-dire des "Pochettes de Minerva" publiées, avec une régularité chronométrique, par l'hebdomadaire "L'Espresso" entre 2000 et 2015. En introduction, Eco revendique le caractère circonstanciel de ces écrits et plaisante sur le titre bizarre qu'il leur a donné.

Etait-ce sa silhouette imposante ? Sa renommée planétaire acquise bien avant l'ère des global professsors ? Sa vitalité dévorante et un peu plus qu'humaine ? Il était difficile, même avant sa disparition, de ne pas voir en Umberto Eco un héros de la Fable, un personnage quasi mythologique. Quitte à hésiter entre Protée, pour la souplesse de ses métamorphoses, et Prométhée, pour la flamme dont il était porteur - mais un Prométhée insaisissable, lui aussi, et qui ne se serait jamais laissé enchaîner à un rocher...

La mort peut prendre deux sens, qui ne sont pas toujours complémentaires. Elle met un terme irréversible à une existence singulière ; elle interrompt un projet de vie, dont la poursuite incombe éventuellement à d'autres - ce qui faisait dire à Dylan Thomas que « la mort n'aura pas d'empire ». Quels sont donc les projets interrompus d'Umberto Eco, qui tout au long de sa vie a suivi diverses voies en procédant par induction et divination, comme aurait dit Saussure : la philosophie ? la sémiotique ? la littérature ?

Le sémioticien le plus connu de la planète, spécialiste du Moyen Age, donne quelques tuyaux aux apprentis écrivains.

″Le Cimetière de Prague″, le nouveau roman d'Umberto Eco, lui a valu d'être accusé d'″antisémitisme involontaire″. Marcelle Padovani, notre correspondante à Rome, revient sur un débat qui a soulevé les passions en Italie.

Si lire un texte, c'est l'interpréter, qui maîtrise les limites de sa signification et où se situent-elles ?

En nous quittant le 19 février dernier, Umberto Eco a laissé un vide proportionnel à sa valeur : immense. Sémiologue connu dans le monde entier, figure tutélaire des lettres italiennes, romancier exceptionnel, mais aussi connaisseur de la communication de masse - on lui doit sans doute le terme de néotélévision -, il est difficile de déceler chez lui une lacune. Il n'était pas à proprement parler un médiéviste ; pourtant, le Moyen Age a été sa tentation constante, et un passe-temps qui était une passion.

Umberto Eco a la passion des listes. Alors qu'il sera le mois prochain le grand invité du Louvre, l'auteur du Nom de la rose publie un bouquet d'énumérations richement illustré qui donne le tournis.